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Abdoulaye Fall a été officiellement installé à la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF) dans un climat de promesses ambitieuses et de discours mobilisateurs. Pourtant, derrière les mots rutilants de « légitimité », de « projet PRAXIS » et de « football qui rassemble », se cachent des réalités bien moins reluisantes. Le football sénégalais, malgré ses succès sportifs récents, reste gangrené par des dérives structurelles que ni les discours ni les changements de direction ne semblent pouvoir éradiquer.
Une méfiance s’impose : les précédents dirigeants ont, eux aussi, juré de « travailler sans relâche ». Alors, pourquoi croire que cette fois sera différente ?
Les scandales liés à la gestion des billets lors des grandes compétitions ne sont plus des exceptions, mais une habitude honteuse. Lors des matchs, des supporters sénégalais se sont retrouvés bloqués devant les stades, faute de billets disponibles, malgré des subventions publiques allouées à leur mobilisation. Pire, des revendeurs sans scrupules ont spéculé sur ces tickets, créant une pénurie artificielle et exploitant financièrement les passionnés de football.
Des cas similaires ont été documentés en Côte d’Ivoire, où la police a dû intervenir pour démanteler des réseaux de revente illégale. Ces pratiques, loin d’être anecdotiques, révèlent un système où l’opacité et l’enrichissement personnel priment sur l’intérêt des supporters et la crédibilité du sport.
Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Dans plusieurs fédérations africaines, la corruption est endémique : pots-de-vin, détournements de fonds, ingérences politiques, et trucages de matchs ont été exposés à répétition. La Confédération africaine de football (CAF) elle-même a été éclaboussée par des affaires de manipulation et d’ingérence, avec des enquêtes en cours depuis des années. Dans ce contexte, les promesses de transparence et de professionnalisme sonnent creuses sans audit indépendant et sans sanctions exemplaires contre les responsables des dérives passées.
Abdoulaye Fall se targue d’un soutien massif (8 joueurs et entraîneurs sur 10) et d’une victoire écrasante aux élections de la FSF. Mais ce consensus apparent pose question : est-il le fruit d’une adhésion sincère à un projet, ou le résultat de pressions internes et de réseaux clientélistes bien huilés ? L’histoire du football africain regorge d’exemples où les élections fédérales ont été entachées d’irrégularités, où les voix ont été « achetées » ou influencées par des promesses de postes ou de faveurs.
Par ailleurs, le projet PRAXIS, présenté comme la panacée, reste flou sur les moyens concrets de lutter contre la corruption et l’amateurisme. Fall évoque la nécessité d’aider les clubs à accéder aux « prize money » des compétitions africaines, mais à quoi bon si ces fonds sont ensuite détournés par des intermédiaires ou dilapidés par une gestion défaillante ? Les clubs sénégalais, comme beaucoup sur le continent, souffrent d’un manque criant de professionnalisme. Sans réforme profonde de leur gouvernance, les primes de compétition ne feront qu’alimenter un cycle de gaspillage et d’enrichissement personnel, au détriment du développement réel du football.
Alors que le Sénégal peine à assainir sa gestion, d’autres pays africains montrent la voie. Le Maroc a récemment lancé une application numérique centralisée pour la billetterie de la CAN 2025, avec un système de traçabilité et de contrôle strict. La Tunisie, de son côté, a engagé une réforme ambitieuse pour moderniser ses structures sportives, avec un accent mis sur la transparence et la lutte contre la corruption. Ces initiatives, bien que perfectibles, contrastent avec l’immobilisme sénégalais.
Pourquoi la FSF ne s’inspire-t-elle pas de ces modèles ? Pourquoi persister dans des méthodes archaïques, où les billets disparaissent mystérieusement et où les subventions publiques sont mal gérées ? La réponse est simple : parce que ces dérives arrangent ceux qui en profitent.
Il est temps d’exiger des actes, pas des discours. La FSF doit publier un audit indépendant sur la gestion des billets et des subventions, avec des noms et des responsabilités clairement établis, instaurer une billetterie 100 % dématérialisée et traçable pour mettre fin aux revendeurs et aux disparitions de tickets, sanctionner publiquement les dirigeants et intermédiaires impliqués dans des affaires de corruption ou de détournement, et créer un observatoire citoyen pour surveiller la gouvernance du football, avec des représentants des supporters, des médias et de la société civile.
Le football sénégalais mérite mieux que des recettes éculées et des promesses non tenues. Les supporters, les joueurs et le pays tout entier ont le droit à une fédération transparente, professionnelle et intègre. Sans cela, les beaux discours de Fall ne seront que du vent, et les dérives continueront de salir l’image d’un sport qui devrait être une source de fierté nationale.
La méfiance est de mise. Tant que les anciennes méthodes perdureront, tant que les responsables des scandales passés ne seront pas tenus pour responsables, le mandat d’Abdoulaye Fall ne sera qu’un de plus dans la longue liste des occasions manquées. Le vrai test ne sera pas dans les mots, mais dans les actes. Et pour l’instant, le compte n’y est pas.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou T.
Mis en ligne : 29/09/2025
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