Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
L’article récent sur la transformation physique spectaculaire de Zion Williamson, star de la NBA, a relancé le débat sur l’utilisation détournée de l’Ozempic, un médicament initialement conçu pour les diabétiques mais désormais plébiscité pour ses effets amaigrissants. Si certains y voient une avancée médicale, la réalité est bien plus inquiétante. Sous l’influence de TikTok, Twitter et d’influenceurs toujours plus nombreux, l’Ozempic est devenu un phénomène de mode, au mépris des risques sanitaires et des conséquences dramatiques pour les patients qui en ont réellement besoin.
Cette promotion effrénée constitue une menace pour la santé publique et une trahison des principes éthiques les plus élémentaires.
L’Ozempic est un antidiabétique qui imite une hormone intestinale (GLP-1) pour réguler la glycémie et favoriser la satiété. Depuis 2017, son usage s’est répandu bien au-delà de sa cible initiale grâce à un effet secondaire : la perte de poids. Des célébrités comme Elon Musk ou Serena Williams ont contribué à banaliser son usage hors indication. Pourtant, ces figures, souvent associées au body-positivisme, envoient un message contradictoire : la minceur à tout prix, même au détriment de la santé.
Sur TikTok, le hashtag #Ozempic cumule des centaines de millions de vues. Des influenceurs, parfois sans aucune expertise médicale, y partagent leurs « succès » et leurs « astuces » pour se procurer le produit, souvent en dehors de tout cadre légal. Résultat : une demande explosive, des ruptures de stock dans plusieurs pays, et des patients diabétiques privés de leur traitement.
Les plateformes ne se contentent pas de relayer cette tendance : elles l’amplifient. Leurs algorithmes privilégient les vidéos spectaculaires, où des témoignages enthousiastes occultent les effets secondaires graves : nausées, vomissements, risques de déshydratation, troubles rénaux, voire comas diabétiques liés à des contrefaçons.
Ces contenus légitiment une culture de l’image où la santé passe après l’apparence. Les « Ozempic influenceurs » transforment un médicament en produit de consommation courante, comme une crème de beauté ou un complément alimentaire. Or, l’Ozempic n’est pas anodin : son usage non encadré peut entraîner des complications graves et doit rester réservé aux patients diabétiques ou obèses, sous suivi médical strict.
La légitimation par les célébrités est un premier problème. Quand des figures admirées par des millions de personnes font la promotion de l’Ozempic, elles banalisent son usage détourné. Leur parole a un poids considérable, surtout auprès des jeunes, qui voient dans ce médicament une solution facile pour correspondre à des standards de beauté irréalistes.
Les ruptures de stock sont une autre conséquence directe. En Australie, au Kosovo, et même en France, des pénuries ont privé des diabétiques de leur traitement pendant des mois. Les autorités ont dû intervenir pour réserver les stocks aux patients prioritaires.
L’hypocrisie des plateformes est tout aussi frappante. Elles affichent des messages de prévention, mais continuent de pousser massivement ces contenus auprès d’utilisateurs vulnérables. Les bandeaux d’avertissement sont inefficaces face à l’attrait des vidéos « avant/après » et aux promesses de transformation rapide.
Enfin, un marché noir prospère. Faute d’accès légal, certains se tournent vers des circuits parallèles, avec tous les risques que cela comporte : contrefaçons, dosages incorrects, absence de suivi médical. Les autorités sanitaires ont déjà alerté sur la circulation de stylos injecteurs falsifiés, mettant en danger la vie des utilisateurs.
Cette situation évoque d’autres scandales liés aux produits minceur. Dans les années 2000, des pilules comme le Mediator ou la fenfluramine avaient causé des drames avant d’être retirées du marché. Aujourd’hui, l’Ozempic suit le même chemin : un médicament détourné, promu par des influenceurs et des célébrités, avec des conséquences désastreuses pour la santé publique. La différence ? Les réseaux sociaux amplifient et accélèrent le phénomène à une échelle sans précédent.
La promotion de l’Ozempic n’est pas un simple effet de mode : c’est une menace sanitaire, éthique et sociale. Les plateformes doivent bloquer activement ces contenus et renforcer leurs algorithmes pour protéger les utilisateurs. Les célébrités et influenceurs qui en font la promotion devraient être tenus pour responsables de leurs discours, surtout lorsqu’ils s’adressent à des publics jeunes et vulnérables.
Enfin, les autorités sanitaires doivent continuer à encadrer strictement la prescription et la distribution de ces médicaments. L’Ozempic n’est pas un produit miracle. C’est un traitement destiné à des indications précises, avec des risques réels. Le transformer en objet de consommation de masse, c’est jouer avec la santé de millions de personnes. Il est temps de mettre fin à cette folie collective, avant qu’il ne soit trop tard.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Matar Ba.
Mis en ligne : 01/10/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





