28 décembre 2025 : La Guinée face à son destin démocratique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 02/10/2025 07:10:15

28 décembre 2025 : La Guinée face à son destin démocratique

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Le 28 décembre 2025, la Guinée s’apprête à vivre un moment historique : l’élection présidentielle qui doit marquer la fin de la transition militaire entamée en septembre 2021. Après des années de reports et d’incertitudes, le général Mamadi Doumbouya a enfin fixé une date pour le retour à l’ordre constitutionnel, accélérant le calendrier avec l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum le 21 septembre dernier.

Si ce processus suscite des interrogations, notamment sur le respect des libertés et la transparence du scrutin, il offre aussi une opportunité rare de briser le cycle des violences et des contestations post-électorales qui ont trop souvent marqué l’histoire récente du pays. Malgré ses imperfections, cette transition pourrait bien ouvrir la voie à une stabilité durable, à condition que les engagements pris soient respectés et que la nouvelle Constitution serve de socle à une démocratie apaisée.

La Guinée, comme plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, a connu ces dernières années une succession de crises politiques, souvent ponctuées par des coups d’État et des élections contestées. Le coup d’État de septembre 2021, qui a renversé Alpha Condé, s’inscrit dans cette dynamique régionale de défiance envers des régimes civils perçus comme corrompus ou inefficaces. Depuis, la junte du CNRD a promis un retour rapide aux urnes, mais le calendrier a été plusieurs fois repoussé, alimentant les doutes sur la volonté réelle de restaurer un ordre démocratique.

Pourtant, l’adoption de la nouvelle Constitution par référendum, avec un taux d’approbation de 89,38 % et une participation de 86,42 %, marque une étape décisive. Ce scrutin, salué par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et la CEDEAO pour son bon déroulement, a inauguré une séquence électorale cruciale, même si l’opposition et une partie de la société civile dénoncent un processus biaisé.

Le référendum s’est déroulé sans incident majeur, une rareté dans un pays où les consultations électorales ont souvent été synonymes de tensions. Ce calme relatif, couplé à l’adoption express d’un nouveau code électoral et à la fixation d’une date pour la présidentielle, témoigne d’une volonté de sortir de l’impasse. La communauté internationale, bien que vigilante, reconnaît cette avancée : l’OIF a ainsi souligné « un véritable changement de narratif qui reflète les aspirations réelles du peuple guinéen ».

L’accélération du calendrier électoral, bien que critiquée pour son manque d’inclusivité, présente plusieurs atouts. D’abord, elle répond à une attente forte de la population et des partenaires internationaux, lassés des reports à répétition. Ensuite, elle offre une chance de refermer le chapitre de la transition militaire et d’éviter un vide institutionnel prolongé, source d’instabilité. Enfin, la nouvelle Constitution, si elle est appliquée dans son esprit, pourrait limiter les dérives autoritaires futures, grâce à des mécanismes de contrôle renforcés et à une meilleure répartition des pouvoirs.

Cependant, les défis restent immenses. La répression des libertés politiques et médiatiques, dénoncée par l’ONU et Amnesty International, jette une ombre sur le processus. Trois partis d’opposition ont été exclus de la campagne, et plusieurs médias restent suspendus. Pourtant, le simple fait que le référendum ait pu se tenir sans violence massive est un signe d’apaisement relatif. De plus, l’engagement des autorités à organiser des élections avant la fin de l’année est un gage de sérieux, même si la crédibilité du scrutin dépendra de sa transparence et de la participation de tous les acteurs politiques.

Le bon déroulement du référendum, malgré les critiques, montre que la Guinée est capable d’organiser des consultations nationales sans sombrer dans le chaos. Cela crée un précédent positif pour la présidentielle de décembre, surtout si les observateurs internationaux sont pleinement associés au processus.

La tenue d’élections dans les délais annoncés pourrait restaurer la confiance entre les institutions et les citoyens, érodée par des décennies de gouvernance défaillante. Un scrutin crédible, même imparfait, serait un premier pas vers la normalisation politique et la réintégration de la Guinée dans le concert des nations africaines.

La nouvelle Loi fondamentale introduit des garde-fous, comme un mandat présidentiel de sept ans renouvelable une seule fois et la création d’un Sénat, qui pourraient limiter la personnalisation du pouvoir. Si ces dispositions sont respectées, elles réduiront les risques de crises post-électorales, souvent nourries par des mandats à répétition et des modifications constitutionnelles controversées.

Comparée aux transitions chaotiques du Mali, du Burkina Faso ou du Niger, la Guinée se distingue par sa capacité à tenir un calendrier électoral, même accéléré. Si le processus aboutit, il pourrait inspirer d’autres pays en crise, montrant qu’une sortie de transition est possible sans effondrement.

À l’instar du Gabon, où la transition militaire a abouti à une élection présidentielle en 2025, la Guinée pourrait démontrer qu’un retour à l’ordre constitutionnel est envisageable après un coup d’État. Le Gabon est d’ailleurs cité en exemple par certains observateurs internationaux, qui y voient un modèle de transition « réussie ». À l’inverse, les retards répétés au Mali ou au Burkina Faso rappellent les risques d’enlisement. La Guinée a donc tout intérêt à capitaliser sur sa dynamique actuelle pour se positionner comme un exemple de stabilisation.

La présidentielle du 28 décembre 2025 est un pari risqué, mais nécessaire pour la Guinée. Malgré les ombres au tableau, cette élection représente une chance historique de tourner la page des crises post-électorales et de poser les bases d’une démocratie plus stable. Pour que cet espoir se concrétise, il faudra que les autorités garantissent un scrutin transparent, inclusif et apaisé, et que la communauté internationale accompagne ce processus sans imposer de sanctions contre-productives.

L’enjeu n’est pas seulement électoral : il s’agit de restaurer la confiance, de réconcilier les Guinéens avec leurs institutions, et d’offrir à la jeunesse un avenir moins incertain. Si la transition aboutit, elle pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère pour la Guinée et, pourquoi pas, pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le chemin est semé d’embûches, mais l’espoir est permis.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Assane Sow.
Mis en ligne : 02/10/2025

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