Boko Haram profite de l’inaction occidentale : Le Nigeria sous la terreur - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 06/10/2025 01:10:00

Boko Haram profite de l’inaction occidentale : Le Nigeria sous la terreur

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Le 2 octobre 2025, plus de 5 000 Nigérians fuyaient vers le Cameroun après la prise de la ville frontalière de Kirawa par Boko Haram. Malgré seize ans de conflit, le nord-est du Nigeria reste en proie à la violence des groupes jihadistes. Pourtant, l’Occident, qui se targue de lutter contre le terrorisme au Sahel, semble fermer les yeux sur la situation nigériane. Pourquoi une telle indifférence ? La réponse tient en un mot : intérêts. Pétrole, uranium et géopolitique priment sur la sécurité des populations.

Depuis 2009, Boko Haram et sa branche ISWAP sèment la terreur dans le bassin du lac Tchad. Des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés, des villes rasées : le bilan est effroyable. Pourtant, contrairement au Sahel, où la France et les États-Unis ont déployé des moyens militaires colossaux, le Nigeria se débat seul. Les interventions occidentales au Sahel ont surtout servi à protéger des ressources stratégiques, comme l’uranium du Niger ou le pétrole tchadien, tout en laissant le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, gérer seul sa crise humanitaire et sécuritaire.

Les puissances occidentales interviennent au Sahel sous prétexte de lutte antiterroriste, mais leurs actions masquent souvent des visées économiques. La France, par exemple, a maintenu une présence militaire au Mali et au Niger pendant des années, officiellement pour stabiliser la région, mais aussi pour sécuriser ses approvisionnements en uranium, une ressource vitale pour son industrie nucléaire. Les États-Unis, de leur côté, ont investi massivement dans des bases de drones au Niger, tout en entretenant des relations ambiguës avec les régimes en place.

Pourtant, quand il s’agit du Nigeria, les mêmes pays adoptent une attitude bien plus discrète. Pourtant, le pays est un acteur clé : il fournit 137 % de pétrole en plus aux États-Unis depuis 2020, et son uranium attire les convoitises. Mais au lieu d’aider Abuja à éradiquer Boko Haram, l’Occident se contente de déclarations creuses et de coopérations limitées. Pire, les trafics d’armes et de recrues qui alimentent les groupes jihadistes transitent librement à travers les frontières poreuses du Cameroun, du Tchad et du Niger, sans que les pressions internationales ne suffisent à les endiguer.

Les priorités économiques passent avant tout : les ressources nigérianes, pétrole et uranium, sont exploitées, mais les populations sont laissées à leur sort. Les compagnies occidentales ont longtemps profité de contrats déséquilibrés, tandis que les communautés locales subissaient la violence des groupes armés. Le manque de coordination régionale est criant : la Force multinationale mixte, créée pour lutter contre Boko Haram, est affaiblie par les retraits de certains pays et les tensions entre États.

Les patrouilles transfrontalières, essentielles pour couper les lignes d’approvisionnement des terroristes, sont aujourd’hui paralysées. À cela s’ajoute un silence médiatique et diplomatique inquiétant : les attaques au Nigeria ne suscitent pas la même indignation que celles au Sahel, alors que Boko Haram et ISWAP recrutent, s’arment et étendent leur influence, profitant de l’absence de pression réelle sur les pays voisins pour fermer leurs frontières.

La comparaison est frappante. Au Mali ou au Burkina Faso, les coups d’État ont déclenché des sanctions et des retraits militaires occidentaux. Au Nigeria, malgré l’inefficacité de l’armée et les exactions commises contre les civils, les critiques restent timides. La France et les États-Unis préfèrent ménager Abuja, un partenaire économique trop précieux pour être bousculé.

L’hypocrisie occidentale nourrit l’insécurité au Nigeria. Tant que les intérêts économiques primeront sur la sécurité des populations, Boko Haram continuera de prospérer. L’Occident doit assumer ses responsabilités : soit il s’engage vraiment contre le terrorisme, partout et sans arrière-pensée, soit il assume son rôle de complice passif.

La communauté internationale doit cesser de traiter le Nigeria comme un simple fournisseur de matières premières. Il faut renforcer la coopération militaire avec Abuja, sans conditionnalité néocoloniale, exiger des pays voisins qu’ils ferment leurs frontières aux trafics d’armes et de recrues, et soutenir les populations victimes du conflit, au lieu de se contenter de discours. Sinon, Kirawa ne sera qu’un épisode de plus dans une longue série de drames évitables. La vie des Nigérians mérite mieux que des promesses creuses.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Grace Mb.
Mis en ligne : 06/10/2025

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