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Le 14 octobre 2025, le Sénégal affronte la Mauritanie dans un match décisif pour la qualification à la Coupe du monde 2026. Ce rendez-vous historique, qui pourrait sceller une troisième participation des Lions à la compétition, devrait être un moment de liesse populaire et d’unité nationale. Pourtant, la Fédération sénégalaise de football (FSF) a choisi de transformer cette célébration en opportunité financière, au détriment de l’esprit sportif et de la passion collective.
En augmentant de manière démesurée le prix des billets populaires (jusqu’à 400 % pour certaines tribunes), tout en baissant de 50 % celui des loges VIP, la FSF envoie un message clair : le football n’est plus un bien commun, mais un produit de luxe réservé à une élite. Cette décision, aussi injuste qu’inopportune, mérite une critique sans concession.
Au Sénégal, le football est bien plus qu’un sport. Il est un vecteur d’identité, de cohésion sociale et d’espoir pour des millions de jeunes. Les stades, lieux de rassemblement et de célébration, deviennent des espaces où se tissent des liens intergénérationnels et interculturels. Dans ce contexte, la décision de la FSF de rendre inaccessible financièrement le match à une partie de la population est d’autant plus choquante. Les supporters sénégalais, connus pour leur fidélité et leur ferveur, sont les premiers artisans de l’engouement autour des Lions.
Pourtant, ce sont eux qui paient aujourd’hui le prix fort d’une politique tarifaire inique. Les tribunes populaires, autrefois accessibles pour 1 000 ou 3 000 francs CFA, voient leurs billets multipliés par trois ou quatre, tandis que les loges VIP, fréquentées par une minorité aisée, bénéficient d’une réduction spectaculaire. Cette inversion des priorités interroge : à qui appartient vraiment le football sénégalais ?
La FSF justifie ces hausses par des impératifs de modernisation et de sécurité. Pourtant, rien ne explique une telle disparité dans l’ajustement des prix. Les exemples internationaux montrent que des politiques tarifaires équilibrées sont possibles. À l’inverse, des hausses brutales ont souvent conduit à une désaffection des supporters historiques et à une commercialisation excessive du sport.
Au Sénégal, le risque est double. D’abord, celui de vider les tribunes populaires, privant le football de son âme et de son énergie. Ensuite, celui de créer un précédent dangereux : si les matchs décisifs deviennent systématiquement inaccessibles, c’est toute la relation entre les Lions et leur public qui sera fragilisée. Les supporters, déjà confrontés à des polémiques récurrentes autour de la billetterie, pourraient se détourner durablement des stades.
Le football sénégalais s’est construit sur la passion populaire. En excluant les supporters modestes, la FSF trahit l’essence même de ce sport, qui doit rester un espace d’inclusion et de partage.
Les exemples de stades européens à moitié vides après des hausses de prix doivent servir d’avertissement. À Miami, lors de la Coupe du monde des clubs 2025, des tarifs jugés excessifs ont conduit à des stades déserts, malgré la présence de stars. Le Sénégal pourrait connaître le même sort.
Pourquoi les supporters les plus fidèles doivent-ils financer, par leurs billets surévalués, des réductions pour les VIP ? Cette politique renforce les inégalités et donne l’impression d’un football réservé à une élite économique.
Un signal désastreux pour l’image du Sénégal. Alors que le pays se présente comme une nation unie et solidaire, une telle décision envoie un message contradictoire à la communauté internationale. Le football, souvent utilisé comme outil de soft power, devient ici un symbole de division.
La FSF doit revenir sur cette décision et proposer une tarification équitable, qui permette à tous les Sénégalais de vivre ce moment historique. Le football ne peut être réduit à une simple équation financière. Il faut rappeler que les Lions appartiennent à leur peuple, et non à une poignée de privilégiés.
Les supporters, les médias et les acteurs politiques doivent se mobiliser pour exiger une révision de ces tarifs. Le match du 14 octobre doit être une fête nationale, pas un symbole d’exclusion. La FSF a encore le temps de corriger le tir et de prouver que le football sénégalais reste, avant tout, une affaire de passion et de partage.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 07/10/2025
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