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Jeudi dernier, Babacar Mbaye Ngaraf, coordonnateur de la Synergie des acteurs pour l’assainissement de la banlieue (Saaba), a été victime d’un vol après un accident simulé par deux individus en scooter. Alors qu’il circulait vers 20h, son véhicule a été percuté, puis l’un des agresseurs en a profité pour lui arracher son sac, contenant papiers administratifs et argent. Ce n’est qu’après leur fuite qu’il a compris la supercherie. Après avoir porté plainte, il a alerté sur RFM : « Ces agressions deviennent trop courantes. Il faut agir avant que cela ne fasse des victimes plus graves ».
Cet incident n’est pas isolé : il illustre une tendance inquiétante, celle de l’utilisation des scooters comme outil privilégié par les criminels, en raison de leur mobilité, de l’absence de traçabilité et de la complaisance des autorités.
Au Sénégal, les agressions en scooter ne sont plus une exception, mais une réalité quotidienne. Les grandes villes, notamment Dakar, sont devenues des terrains de chasse pour des malfaiteurs qui agissent en toute impunité. Les vols avec violence, les agressions et les cambriolages se multiplient, souvent commis par des individus à moto, profitant de l’anonymat et de la facilité de fuite que leur offre ce moyen de transport. Les forces de l’ordre, submergées et mal équipées, peinent à endiguer le phénomène. Pire, l’immatriculation obligatoire des deux-roues, pourtant annoncée à grand renfort de communication, tarde à être appliquée efficacement. Malgré des campagnes de régularisation et des délais repoussés à plusieurs reprises, des milliers de motos circulent encore sans plaque, rendant toute enquête quasi impossible.
Les chiffres sont accablants : en 2024, plus de 6 000 accidents corporels et 290 morts ont été enregistrés sur les routes sénégalaises, une partie liée à l’usage anarchique des deux-roues. Pourtant, malgré les promesses, les sanctions restent rares, et les agresseurs savent qu’ils ont peu de risques d’être identifiés ou arrêtés.
Les scooters permettent aux criminels de frapper vite et de disparaître dans la circulation, avant même que la victime ne réalise ce qui lui arrive. Leur petite taille et leur maniabilité en font l’outil idéal pour les vols à la tire, les agressions et les braquages. À Dakar, la Corniche et les quartiers périphériques sont devenus des zones à haut risque, où les piétons et les automobilistes sont des cibles faciles.
L’absence d’immatriculation systématique est un cadeau empoisonné pour les délinquants. Malgré les annonces répétées du gouvernement sur l’obligation d’immatriculer les deux-roues, la mise en œuvre est lente et inefficace. À ce jour, seulement une fraction des motos en circulation sont enregistrées. Résultat : en cas d’agression, les victimes n’ont aucun recours, et les forces de l’ordre ne peuvent pas remonter jusqu’aux auteurs.
Les plateformes de location de scooters, en pleine expansion, aggravent le problème. Certaines louent des véhicules sans vérification sérieuse de l’identité des utilisateurs, offrant ainsi aux malfaiteurs un moyen de transport anonyme et jetable. Aucune réglementation stricte ne les oblige à contrôler l’usage fait de leurs engins, ni à collaborer avec la police en cas d’enquête.
En France, les vols de scooters ont explosé ces dernières années, avec des modèles comme le Yamaha TMAX particulièrement ciblés, car faciles à revendre ou à exporter vers l’Afrique du Nord. En Afrique du Sud, les agressions en deux-roues sont également monnaie courante, souvent liées à des réseaux organisés. Partout, le constat est le même : sans contrôle strict et sans sanctions dissuasives, les scooters deviennent des armes entre les mains des criminels.
Malgré les alertes répétées, les autorités tardent à mettre en place des mesures coercitives. Les délais d’immatriculation sont sans cesse repoussés, et les sanctions restent lettre morte. Aucune loi n’impose aux loueurs de vérifier l’usage de leurs véhicules ou de signaler les comportements suspects. Sans immatriculation, sans caméras de surveillance, sans patrouilles efficaces, les citoyens sont abandonnés à leur sort. Tant que les risques seront nuls, les agressions continueront.
La recrudescence des agressions en scooter n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’un laxisme coupable et d’un manque de volonté politique. Il faut :
Rendre l’immatriculation obligatoire et effective, avec des sanctions immédiates pour les contrevenants. Obliger les plateformes de location à vérifier l’identité de leurs clients et à collaborer avec la justice. Renforcer les contrôles et les patrouilles, notamment dans les zones à risque. Sensibiliser la population et encourager les témoignages, tout en protégeant les victimes.
Babacar Mbaye Ngaraf a raison : il faut agir avant que la situation ne dégénère. Mais pour cela, il faut cesser de tergiverser et prendre des mesures fortes. Sinon, les scooters continueront de rouler, et avec eux, l’insécurité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Sarr.
Mis en ligne : 10/10/2025
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