Un adolescent piégé dans un canal : Kaolack réclame justice - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 10/10/2025 11:10:45

Un adolescent piégé dans un canal : Kaolack réclame justice

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Un adolescent de 16 ans a perdu la vie ce lundi 6 octobre 2025 à Médina Baye, à Kaolack, après être tombé dans un canal à ciel ouvert. Les sapeurs-pompiers ont repêché son corps sans vie, et une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du drame. Pourtant, ce qui frappe dans cette affaire, ce n’est pas son caractère exceptionnel, mais sa banalité. Depuis des années, les canaux à ciel ouvert de Kaolack tuent, blessent, et empoisonnent la vie des habitants.

Chaque accident relance les mêmes questions, les mêmes promesses, et les mêmes silences. Aujourd’hui, il faut dénoncer l’absence de mesures préventives et le désintérêt des autorités pour la sécurité des citoyens.

Les canaux à ciel ouvert de Kaolack ne sont pas une fatalité, mais le résultat d’une négligence persistante. En janvier 2025, une femme de 80 ans était déjà retrouvée morte dans un canal similaire, dans le quartier de Dialègne. En 2019, les populations de Sara, Passoire et Médina Mbaba manifestaient déjà pour exiger la fermeture de ces pièges mortels, dénonçant un problème qui dure « depuis plus de 30 ans » et cause « d’énormes problèmes sanitaires ».

Pendant l’hivernage, ces canaux se transforment en cloacas à ciel ouvert, inondant les maisons et propageant des maladies, surtout chez les enfants. Malgré les alertes répétées, les mémorandums déposés, et les mobilisations citoyennes, rien ne change. Pire, les infrastructures se dégradent, et les drames s’enchaînent.

L’État sénégalais et les collectivités locales ne peuvent plus se cacher derrière des déclarations d’intention. En 2023, le Premier ministre annonçait que la lutte contre les inondations et la sécurisation des canaux figuraient parmi les priorités du Plan Sénégal Émergent. Pourtant, à Kaolack, les canaux restent ouverts, les eaux stagnantes, et les vies en danger. Les budgets alloués à l’assainissement semblent se perdre dans les méandres de l’administration, tandis que les populations paient le prix fort. À Dakar, des plans anti-hivernage ciblent les canaux à ciel ouvert, mais Kaolack, elle, semble oubliée. Pourquoi une telle inégalité de traitement ? Pourquoi attend-on qu’un enfant meure pour rappeler l’urgence d’agir ?

Ailleurs en Afrique et dans le monde, des villes ont su sécuriser leurs infrastructures. Au Rwanda, l’État interdit les matériaux dangereux et promeut des solutions écologiques et durables. En Haïti, après le séisme de 2010, des programmes de reconstruction ont permis de créer des quartiers sûrs, en priorisant la résilience urbaine. Même au Sénégal, des études ont montré qu’il était possible de couvrir les canaux avec du béton de sable, une solution simple et efficace. Alors pourquoi Kaolack reste-t-elle à la traîne ? Pourquoi les promesses de curage, de clôture, ou de couverture des canaux ne se concrétisent-elles jamais ?

Les canaux à ciel ouvert de Kaolack sont le symbole d’un système qui échoue à protéger ses citoyens. Ils révèlent une gouvernance défaillante, où les annonces remplacent l’action, et où la vie d’un enfant vaut moins qu’un projet politique. Chaque drame devrait être un électrochoc, mais il n’est souvent qu’un fait divers de plus, vite oublié. Pourtant, derrière chaque victime, il y a une famille brisée, une communauté en deuil, et une confiance en l’État un peu plus érodée.

Il est inacceptable qu’en 2025, des enfants meurent encore à cause de canaux non sécurisés. Les autorités locales et nationales doivent enfin assumer leurs responsabilités : couvrir les canaux, installer des barrières de sécurité, et mettre en place un plan d’urgence pour l’assainissement. Les habitants de Kaolack ne demandent pas la lune, mais simplement le droit de vivre dans un environnement sûr.

Combien de vies faudra-t-il encore pour que leurs voix soient entendues ? L’heure n’est plus aux condoléances, mais à l’action. Les canaux de Kaolack doivent être sécurisés, et les responsables doivent rendre des comptes. Sinon, la prochaine victime sera aussi sur leur conscience.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sokhna Mamy.
Mis en ligne : 10/10/2025

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