Tendre la main pour la paix : Le courage de Tshisekedi face à l’Histoire - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 12/10/2025 07:10:00

Tendre la main pour la paix : Le courage de Tshisekedi face à l’Histoire

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Le 9 octobre 2025, à Bruxelles, le président congolais Félix Tshisekedi a marqué l’Histoire en tendant publiquement la main à son homologue rwandais, Paul Kagame, pour mettre fin à des décennies de violences dans l’est de la République démocratique du Congo. « Nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade », a-t-il déclaré, appelant à « la paix des braves » devant un parterre de dirigeants internationaux. Malgré les réactions cyniques de Kigali, qui a qualifié son geste de « cinéma politique », cet appel résonne comme un acte de leadership rare, empreint de maturité et de responsabilité.

À l’heure où la région des Grands Lacs compte ses morts par millions, il est urgent de saluer cette initiative et d’exiger qu’elle soit entendue. Car la véritable victoire ne se mesure pas en territoires conquis, mais en vies sauvées et en dignité retrouvée.

Depuis trente ans, l’est de la RDC est déchiré par des conflits alimentés par des intérêts régionaux et internationaux, des ressources pillées et des populations sacrifiées. Les récentes offensives du M23, soutenu par le Rwanda, ont aggravé une crise humanitaire déjà catastrophique, avec des villes comme Goma et Bukavu tombées sous le joug des rebelles. Malgré les accords signés (Luanda, Nairobi, Washington), les violences persistent, les processus de paix s’enlisent, et les populations congolaises paient le prix fort. Dans ce contexte, la main tendue de Tshisekedi n’est pas un aveu de faiblesse, mais un acte de lucidité : sans dialogue, il n’y aura ni sécurité, ni développement, ni avenir pour des millions de Congolais.

Tshisekedi a choisi la voie de la paix là où d’autres auraient pu privilégier la rhétorique guerrière. Son appel à Kagame, lancé sous les projecteurs de Bruxelles, est un coup de projecteur sur une vérité simple : la guerre n’a jamais profité qu’aux marchands d’armes et aux prédateurs économiques. En prenant à témoin le monde entier, le président congolais a rappelé que la légitimité d’un dirigeant se juge à sa capacité à protéger son peuple, même au prix de concessions douloureuses. Il a aussi souligné l’absurdité d’une escalade militaire sans fin, alors que les deux pays partagent une histoire, une géographie et des défis communs. Son discours s’inscrit dans la lignée des grands gestes de réconciliation africaine, comme ceux de Nelson Mandela en Afrique du Sud ou de Desmond Tutu, qui ont montré que la paix se construit par le dialogue, même avec l’ennemi.

Premièrement, parce que la paix est un impératif humanitaire. Les millions de déplacés, les villages brûlés, les femmes violées ne peuvent plus attendre. Deuxièmement, parce que la stabilité de la RDC est indissociable de celle de toute la région. L’Union africaine, les Nations Unies et la communauté internationale ont un rôle clé à jouer pour garantir et accompagner ce processus. Les mécanismes de surveillance conjoints (comme le Comité de suivi de l’accord de Washington) et les médiations en cours (Qatar, Angola, États-Unis) offrent un cadre pour avancer, à condition que Kigali y participe de bonne foi. Enfin, parce que l’alternative – une guerre sans fin – ne profitera à personne, pas même au Rwanda, dont la crédibilité régionale est de plus en plus contestée.

L’Afrique a connu des réconciliations improbables, mais possibles. En Côte d’Ivoire, les accords de Ouagadougou ont mis fin à une décennie de crise. En Afrique du Sud, la Commission Vérité et Réconciliation a évité un bain de sang. Ces exemples prouvent qu’avec de la volonté politique et un soutien international, même les conflits les plus enracinés peuvent trouver une issue. La RDC et le Rwanda ont tout à gagner à écrire une nouvelle page, fondée sur la coopération économique, la sécurité partagée et le respect mutuel.

Le geste de Tshisekedi mérite d’être salué, mais surtout, il doit être suivi d’effets. La balle est désormais dans le camp de Paul Kagame : saura-t-il saisir cette main tendue pour construire une paix durable, ou préférera-t-il rester prisonnier des logiques de confrontation ? La communauté internationale, et surtout les Africains, doivent exiger des actes concrets : le retrait des troupes du M23, la mise en œuvre des accords existants, et un dialogue inclusif. La paix des braves n’est pas une utopie, mais un choix. À Bruxelles, Félix Tshisekedi a montré la voie. Il revient maintenant à Kagame, à l’Union africaine et à tous les acteurs concernés de la suivre, pour l’honneur de l’Afrique et le bien de ses peuples.

La paix n’est pas une option, c’est une urgence. Et elle commence par un premier pas celui que le président congolais a eu le courage de faire.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Diallo.
Mis en ligne : 12/10/2025

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