Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
La récente annonce de la candidature de 66 prétendants à la présidence en Guinée, dont 50 issus de partis politiques et 16 indépendants, pourrait sembler être un signe de vitalité démocratique. Cependant, en réalité, ce processus électoral, encadré par des institutions contestées, soulève des doutes sur la légitimité des résultats à venir.
En tant qu’observateur attentif de la situation politique guinéenne, je ne peux m’empêcher de ressentir un cynisme parmi les électeurs, qui voient dans cette multitude de candidats une façade plus qu’une véritable opportunité de changement. Le 9 octobre 2025, Djénabou Touré, directrice générale des élections (DGE), a présenté cette pléthore de candidatures lors d’un point de presse à Conakry.
Bien que la diversité des candidats puisse paraître encourageante, il est crucial de se pencher sur le cadre dans lequel ces élections se déroulent. Les deux commissions ad hoc, supervisées par l’ONASUR, la Cour suprême et la DGE, ont été mises en place pour encadrer le processus électoral. Cependant, leur légitimité est souvent remise en question, ce qui jette une ombre sur l’intégrité des élections à venir. L’affirmation de Mme Touré selon laquelle la prudence ne constitue pas une barrière, mais un engagement, est révélatrice des contradictions qui sous-tendent ce processus.
En effet, en comparant cette prudence à un droit d’entrée dans un club exclusif, il est évident que seuls ceux qui peuvent se permettre de payer seront en mesure de participer pleinement. De plus, le remboursement des candidats ayant obtenu plus de 5 % des voix semble plus être une incitation à jouer le jeu qu’une garantie d’équité. Ce système, loin d’encourager une véritable compétition, pourrait renforcer les inégalités et décourager ceux qui n’ont pas les moyens financiers d’entrer dans la course. La présence de 66 candidats peut être perçue comme un reflet de la volonté populaire de diversifier le paysage politique.
Pourtant, cette multitude de voix pourrait également créer une cacophonie qui empêche la formation d’une alternative crédible. Les partis politiques, bien qu’ils désignent des mandataires, semblent s’enliser dans des luttes internes, tandis que les indépendants, comme le « mystérieux » Alpha Condé II, ne font qu’ajouter à la confusion. À l’instar d’un orchestre mal accordé, où chaque musicien joue sa propre mélodie, le résultat pourrait être une symphonie de désillusion pour les électeurs.
Le cynisme des électeurs face à ce processus est renforcé par la perception que les institutions chargées de superviser ces élections ne sont pas à la hauteur de la tâche. Le respect des étapes légales, telles que les parrainages et les plafonds de dépenses, est présenté comme un test de maturité démocratique. Cependant, dans un contexte où la confiance envers ces institutions est déjà érodée, ces étapes ne semblent être que des formalités, sans véritable impact sur la qualité de la démocratie guinéenne. Pour corroborer cette analyse, il est pertinent de rappeler que des élections précédentes en Guinée ont été entachées de fraudes et de violences.
Les électeurs, ayant déjà été témoins de promesses non tenues et de manipulations, sont de plus en plus sceptiques quant à la sincérité de ce nouveau processus. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une enquête récente indique que près de 70 % des Guinéens doutent de la transparence des élections à venir. Ce climat de méfiance n’est pas propice à la participation électorale, et il est à craindre que cette nouvelle course à la présidence ne fasse qu’accroître le désenchantement des citoyens.
Bien que la candidature de 66 prétendants puisse sembler être une avancée vers une démocratie pluraliste, le cadre contesté dans lequel se déroule cette élection soulève de sérieuses questions sur la légitimité des résultats. La méfiance des électeurs, alimentée par des expériences passées, ne peut être ignorée. Il faut que les Guinéens prennent conscience des enjeux et s’engagent activement pour exiger un processus véritablement transparent et équitable. Je vous encourage, chers lecteurs, à rester vigilants et à faire entendre votre voix.
Engagez-vous dans le débat public, questionnez les institutions et n’hésitez pas à revendiquer une démocratie qui respecte réellement la volonté du peuple. Seule une mobilisation collective pourra faire la différence dans ce contexte incertain.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Salif Barry.
Mis en ligne : 13/10/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





