Andry Rajoelina : L'architecte de son propre effondrement politique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 19/10/2025 01:10:00

Andry Rajoelina : L'architecte de son propre effondrement politique

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L’actualité à Madagascar a pris un tournant dramatique avec la destitution du président Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale, suivie d’une annonce militaire proclamant la suspension de la Constitution. Ce coup de théâtre soulève des questions cruciales sur la promesse d’un gouvernement civil, qui semble n’être qu’un mirage face à la réalité militaire omniprésente. Dans cet article, je vais exposer pourquoi cette situation ne fait qu’aggraver l’instabilité sur l’île et compromettre les aspirations démocratiques de son peuple.

Madagascar, une nation déjà éprouvée par la pauvreté et les crises politiques récurrentes, se retrouve une fois de plus au bord du gouffre. Le président Rajoelina, qui avait initialement accédé au pouvoir par un coup d’État en 2009, a tenté de dissoudre l’Assemblée nationale, déclenchant une réaction immédiate des militaires. Ce dernier épisode s’inscrit dans une longue lignée de soulèvements populaires, où les militaires jouent un rôle clé dans le renversement des gouvernements. En proclamant la prise de pouvoir, l’unité militaire a non seulement suspendu la Constitution, mais a également ouvert la voie à un gouvernement de facto, remettant en question les fondements mêmes de la démocratie malgache.

L’annonce de la prise de pouvoir par les militaires, accompagnée de la dissolution de la Haute cour constitutionnelle, révèle une dynamique inquiétante. Le colonel Michael Randrianirina, s’exprimant devant le palais présidentiel, a évoqué la création d’un comité militaire pour gérer les affaires de l’État, promettant un gouvernement civil ultérieur. Cela rappelle l’illusion d’un mirage, où la promesse d’un avenir meilleur est souvent éclipsée par une réalité militaire qui persiste à dominer. La situation actuelle ne fait que renforcer l’idée que les militaires, plutôt que de céder le pouvoir, cherchent à le consolider.

La première raison pour laquelle ces promesses d’un gouvernement civil semblent illusoires réside dans le fait que l’histoire de Madagascar est pavée de coups d’État et de gouvernements militaires. À chaque fois, les militaires ont promis des réformes, mais la réalité a souvent été celle d’un renforcement de leur emprise sur le pouvoir. Comme un serpent qui se mord la queue, le cycle de l’instabilité se perpétue, laissant le peuple malgache piégé dans un système qui ne répond pas à ses besoins. De plus, la suspension de la Constitution et la dissolution des institutions judiciaires renforcent l’idée que les militaires ne cherchent pas à restaurer l’ordre démocratique, mais à s’assurer que leur pouvoir ne soit jamais contesté.

Un autre argument fort est le climat de violence et de répression qui accompagne souvent ces changements de régime. Les manifestations qui ont eu lieu récemment ont été marquées par des violences, avec un bilan tragique de 22 morts et des centaines de blessés. Cette brutalité rappelle les heures sombres de l’histoire de Madagascar, où la voix du peuple a été étouffée au nom de l’ordre. Les promesses de changement sont souvent accompagnées de la menace de la force, ce qui crée un environnement où le dialogue démocratique est impossible.

En adoptant un regard critique sur la situation actuelle, il est normal de se demander si le peuple malgache peut réellement espérer un avenir meilleur sous un gouvernement militaire. Les promesses d’un comité composé d’officiers militaires et de civils semblent plus être une manœuvre pour apaiser les esprits que la véritable volonté de changement. Comme une mirage dans le désert, elles ne font que masquer une réalité bien plus sombre. Les militaires, qui ont historiquement été des acteurs de l’instabilité, ne peuvent pas être les architectes d’un avenir démocratique.

Pour renforcer cette analyse, il faut rappeler que les États-Unis ont appelé à une solution pacifique conforme à l’ordre constitutionnel, soulignant la nécessité d’un retour à la démocratie. Cependant, ces appels semblent vains face à la réalité sur le terrain, où les militaires exercent un contrôle de plus en plus strict. En outre, les statistiques alarmantes sur la pauvreté à Madagascar, où plus de 80 % de la population vit avec moins de 2,80 euros par jour, témoignent de l’urgence d’un changement radical. Les promesses d’un gouvernement civil ne peuvent pas masquer les besoins fondamentaux d’un peuple en détresse.

La situation à Madagascar soulève des inquiétudes profondes quant à la capacité des militaires à instaurer un gouvernement civil véritable. Les promesses d’un avenir meilleur semblent être un mirage, tandis que la réalité militaire persiste à dominer. L’histoire nous enseigne que les changements de régime ne garantissent pas nécessairement une amélioration des conditions de vie pour le peuple.

Il faut que les citoyens malgaches, ainsi que la communauté internationale, restent vigilants et engagés. L’avenir de Madagascar dépend de la capacité de son peuple à revendiquer ses droits et à exiger un véritable changement démocratique. Le temps est venu de ne pas se laisser berner par des promesses vides et de travailler ensemble pour un avenir plus juste et équitable.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Toma B.
Mis en ligne : 19/10/2025

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