Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le Championnat national du Sénégal de football professionnel vient d’annoncer une décision qui, si elle peut sembler populaire, marque en réalité un recul préoccupant pour la modernisation et la professionnalisation du football local. La Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP) a en effet décidé de suspendre le système de pay-per-view (PPV), mis en place l’an dernier pour la diffusion des matchs en direct. Cette mesure, présentée comme une réponse aux critiques des supporters, risque en réalité de priver le championnat d’une opportunité majeure de se structurer et de se développer à l’ère numérique.
Le PPV, bien qu’impopulaire auprès d’une partie des supporters en raison de son coût, représentait une avancée significative pour le football sénégalais. Il permettait non seulement de générer des revenus directs pour les clubs et la ligue, mais aussi d’offrir une expérience de visionnage enrichie : diffusion en haute qualité, replays, statistiques en temps réel et une interaction accrue avec les fans.
Dans un contexte où les ligues africaines peinent à trouver des modèles économiques durables, le PPV était une piste sérieuse pour réduire la dépendance aux subventions et aux sponsors, souvent instables et insuffisants. Pourtant, sous la pression des supporters et sans consultation approfondie des clubs, la LSFP a choisi de faire machine arrière, sans proposer de solution alternative concrète.
L’abandon du PPV pose plusieurs problèmes majeurs. D’abord, il prive les clubs d’une source de revenus potentiellement stable. Selon des audits récents, le système avait déjà généré 19 millions de FCFA, mais seulement 3 millions avaient été reversés à la Ligue, et rien aux clubs, ce qui soulève des questions sur la gestion des fonds plutôt que sur le principe même du PPV. Ensuite, en laissant planer l’incertitude sur la future stratégie de diffusion, la LSFP risque de fragiliser encore davantage un écosystème déjà précaire. Les plateformes numériques des clubs, si elles sont autorisées à diffuser les matchs, manquent souvent de moyens techniques et financiers pour offrir une expérience professionnelle et attractive. Le risque est grand de voir se multiplier des diffusions de mauvaise qualité, nuisant à l’image du championnat et décourageant les partenaires commerciaux.
Par ailleurs, cette décision intervient alors que d’autres ligues africaines, comme celles du Maroc ou de l’Afrique du Sud, investissent massivement dans la digitalisation et la professionnalisation de leurs compétitions. Ces pays ont compris que la modernisation passe par une meilleure monétisation des droits de diffusion, une amélioration de l’expérience spectateur, et une plus grande autonomie financière des clubs. Le Sénégal, en renonçant au PPV, se prive d’un levier essentiel pour attirer des investisseurs et des talents, et pour rivaliser avec les championnats les plus avancés du continent.
Le PPV permettait d’offrir aux supporters une expérience moderne, avec des fonctionnalités interactives (replays, données en direct, analyses) qui répondent aux attentes d’un public de plus en plus connecté. En Afrique, une majorité de supporters consultent des données en direct pendant les matchs, un chiffre qui illustre l’importance de l’innovation numérique.
Sans revenus stables, les clubs sénégalais resteront dépendants des subventions publiques ou des sponsors, limitant leur capacité à investir dans les infrastructures, la formation des jeunes et le recrutement de joueurs de qualité.
Une diffusion professionnelle et centralisée renforce la crédibilité du championnat et attire les regards des médias internationaux, des sponsors et des recruteurs. À l’inverse, des diffusions éclatées et peu professionnelles risquent de marginaliser davantage le football local.
La décision de la LSFP de suspendre le PPV, bien qu’elle puisse satisfaire les supporters à court terme, est un mauvais calcul pour l’avenir du football sénégalais. Au lieu de reculer, il aurait fallu corriger les dysfonctionnements du système (répartition équitable des revenus, tarifs adaptés, communication transparente) et en faire un outil de développement, comme l’ont fait d’autres ligues africaines. En renonçant à cette voie, le Sénégal rate une occasion historique de se positionner comme un acteur moderne et compétitif sur la scène continentale.
Il est encore temps de revenir sur cette décision et de construire un modèle hybride, alliant accès abordable et monétisation intelligente. Les supporters méritent mieux qu’un retour en arrière : ils méritent un championnat ambitieux, professionnel et capable de rivaliser avec les meilleurs. La balle est dans le camp de la LSFP pour prouver qu’elle a une vision à la hauteur des enjeux.
La LSFP doit urgemment clarifier sa stratégie de diffusion et impliquer tous les acteurs (clubs, supporters, partenaires) dans la recherche d’une solution durable. Le football sénégalais a trop à perdre pour se contenter de demi-mesures. L’heure est à l’audace et à la modernité, pas au renoncement.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Souleymane K.
Mis en ligne : 06/11/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




