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Ces dernières heures, les réseaux sociaux sénégalais ont été le théâtre d’un nouveau clash public entre No Face et Mia Guissé, deux artistes jadis unis par le mariage et la collaboration au sein du groupe Maabo. À coups de messages accusateurs et de promesses de « preuves », ils ont transformé leur différend personnel en spectacle, sous les yeux de milliers de followers. Si les conflits font partie de la vie, les exposer ainsi, sans retenue ni respect, pose une question importante : les figures publiques ont-elles le droit de régler leurs comptes en ligne, au mépris de leur image, de leur art et de leur audience ? Notre réponse est claire : non. Les réseaux sociaux ne devraient pas servir de tribune pour des règlements de comptes, surtout lorsque l’influence de ces artistes peut nuire à ceux qui les admirent.
No Face et Mia Guissé ne sont pas des inconnus. Leur parcours commun, marqué par des succès musicaux et une relation personnelle, aurait dû les inciter à la prudence. Pourtant, après des révélations du frère de Mia lors d’un live, No Face a choisi Facebook pour lancer un défi public, promettant de « faire mentir » son beau-frère avec des preuves.
Mia a répliqué, avant de supprimer son message, trop tard, le mal était fait. Ce scénario, malheureusement classique, rappelle une tendance lourde : celle d’artistes qui confondent notoriété et impunité, transformant leurs querelles en contenu viral. Pourtant, leur statut leur impose une responsabilité : celle de montrer l’exemple, surtout dans un pays où la musique joue un rôle social et culturel majeur.
Chaque clash public entache un peu plus la réputation du milieu artistique sénégalais. Alors que des talents comme Youssou N’Dour ou Viviane Chidid ont su incarner une forme d’excellence et de dignité, ces polémiques répétées réduisent l’art à un feuilleton médiatique. Les fans, les médias et les partenaires professionnels retiennent moins la qualité des œuvres que les drames personnels. À force, c’est toute une industrie qui perd en crédibilité. Quand des artistes comme No Face et Mia Guissé choisissent la confrontation publique, ils oublient que leur nom est associé à celui de leur pays et de leur culture. La musique sénégalaise mérite mieux que des égaux qui s’étripent en direct.
Pourquoi ne pas régler ce différend en privé, comme le feraient des professionnels soucieux de leur carrière ? La réponse est simple : parce que le scandale rapporte. Les likes, les partages et les commentaires nourrissent une économie de l’attention où l’émotion prime sur la raison. Pourtant, cette stratégie est à double tranchant. Les marques, les organisateurs d’événements et les collaborateurs potentiels observent. Qui voudra travailler avec des artistes connus pour leur instabilité et leur goût du conflit ? Le manque de discrétion et de mesure trahissent une immaturité préjudiciable, non seulement à leur personne, mais à tous ceux qui dépendent d’eux, managers, techniciens, autres membres de groupe.
Les artistes sont des modèles, qu’ils le veuillent ou non. Leurs comportements sont scrutés, imités, commentés. Quand des figures comme No Face et Mia Guissé privilégient l’affrontement à la retenue, ils envoient un message dangereux aux jeunes : les conflits se règlent par l’humiliation publique, les menaces et les promesses de révélations. C’est une leçon de vie dévastatrice. Les réseaux sociaux sont déjà un terrain miné pour la jeunesse, entre cyberharcèlement et pression sociale. Y ajouter l’exemple de stars qui règlent leurs comptes en ligne, c’est aggraver le problème. Les artistes ont une responsabilité éducative, même indirecte. L’ignorer, c’est faillir à leur rôle.
Cette dérive n’est pas propre au Sénégal. Aux États-Unis, des rappeurs comme 50 Cent ou Nicki Minaj ont souvent utilisé les réseaux pour des clashes retentissants, avec des conséquences désastreuses : violences réelles, carrières brisées, et une culture du conflit normalisée. En France, Booba et Kaaris ont poussé leur rivalité si loin qu’elle a débouché sur une bagarre dans un aéroport, sous les caméras. Partout, le résultat est le même : une musique associée à la division plutôt qu’à l’unité, et des fans divisés en clans hostiles. Pourtant, d’autres voix émergent. Des artistes comme Angélique Kidjo ou Burna Boy, malgré leur succès, évitent les polémiques stériles. Ils rappellent qu’on peut briller sans brûler les ponts.
Au Sénégal, des figures comme Aïda Samb ont su garder une image de sérieux et de respect. Leur succès tient autant à leur talent qu’à leur capacité à incarner des valeurs positives. C’est cette voie que No Face, Mia Guissé et leurs pairs devraient suivre.
Assez des egos suralimentés, assez des drames en ligne. Les artistes sénégalais doivent comprendre que leur notoriété est un privilège, pas un droit. Elle s’accompagne de devoirs : celui de protéger leur art, de respecter leur public, et de préserver l’image d’une musique qui a tant à offrir. Aux réseaux sociaux de modérer ces excès, aux médias de cesser de les amplifier, et aux fans d’exiger mieux.
Quant à No Face et Mia Guissé, il n’est pas trop tard pour tourner la page. Plutôt que de promettre des « preuves » ou des règlements de comptes, ils feraient mieux de se concentrer sur ce qui compte vraiment : la musique. Leur public, lui, attend des mélodies, pas des querelles. Il est temps de grandir, de faire taire les egos, et de redonner à la musique sénégalaise la dignité qu’elle mérite.
Les réseaux sociaux sont un outil puissant, mais ils ne sont pas une arène. Les conflits personnels n’ont pas leur place en public, surtout quand ils impliquent des figures influentes. No Face et Mia Guissé ont le choix : continuer à alimenter les polémiques et voir leur héritage se réduire à des captures d’écran, ou relever la tête, assumer leurs responsabilités, et montrer qu’ils valent mieux que cela. La musique sénégalaise a besoin de talents, pas de scandales. Aux artistes de choisir leur camp.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Zale Faye.
Mis en ligne : 07/11/2025
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