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L’ambassade des États-Unis au Mali vient d’ordonner à ses ressortissants de quitter le pays par avion, invoquant des menaces terroristes et une insécurité grandissante. Ce retrait symbolise l’échec collectif des partenaires internationaux à endiguer la crise qui ravage le Sahel. Alors que le groupe djihadiste JNIM, affilié à Al-Qaïda, impose un blocus des importations de carburant et plonge le Mali dans le chaos, une question s’impose : où sont les solutions concrètes pour les populations locales ? Derrière les alertes sécuritaires et les évacuations, se cache une réalité amère : le Sahel est devenu un terrain de jeu pour les groupes armés, faute d’une coopération internationale efficace et responsable.
Depuis des années, le Mali est en proie à une insurrection djihadiste qui s’étend comme une traînée de poudre. Le JNIM, en bloquant les camions-citernes, a provoqué une pénurie de carburant paralysant le pays, forçant même la fermeture des écoles et des universités.
Cette crise n’est pas nouvelle. Elle est le résultat d’un désengagement progressif des acteurs internationaux, laissant un vide que les groupes terroristes exploitent sans relâche. La France a retiré ses troupes en 2022, l’ONU réduit ses effectifs, et la CEDEAO peine à proposer une réponse coordonnée. Pendant ce temps, les Maliens paient le prix fort : insécurité, pénuries, et un État affaibli, incapable de protéger ses citoyens.
Les États-Unis, en évacuant leurs ressortissants, envoient un signal clair : le Mali est devenu une zone à risque, mais leur réaction reste purement défensive. Aucune initiative forte n’est proposée pour aider le pays à sortir de l’impasse. Pire, les sanctions économiques imposées par la CEDEAO après les coups d’État de 2020 et 2021 ont aggravé la précarité des Maliens, sans pour autant affaiblir les groupes armés. Ces mesures punitives, souvent perçues comme injustes par la population, ont plutôt renforcé le ressentiment envers les institutions internationales.
Le retrait de la France, avec l’opération Barkhane, a laissé un vide sécuritaire que ni l’ONU ni les forces locales n’ont su combler. Les promesses de soutien logistique et financier se sont révélées insuffisantes, voire illusoires. Résultat : le JNIM et d’autres groupes étendent leur influence, profitant de l’absence de stratégie commune. Les attaques se multiplient, les États du Sahel s’isolent, et les populations, livrées à elles-mêmes, subissent les conséquences d’une guerre qu’elles n’ont pas choisie.
La présence militaire française, puis son retrait précipité, ont montré les limites d’une approche purement sécuritaire. Sans accompagnement politique et économique, les opérations militaires ne font que repousser le problème. Aujourd’hui, le Mali se retrouve seul face à une menace qui dépasse largement ses capacités.
Les embargos et suspensions d’aide de la CEDEAO ont asphyxié l’économie malienne, sans affaiblir les djihadistes. Ces mesures, censées rétablir l’ordre démocratique, n’ont fait qu’aggraver la crise humanitaire. Comment lutter contre le terrorisme quand l’État n’a plus les moyens de fonctionner ?
Le Sahel a besoin d’une réponse coordonnée, impliquant tous les acteurs : États africains, ONU, Union européenne, et partenaires bilatéraux. Pourtant, chaque pays agit selon ses propres intérêts, sans véritable plan d’ensemble. Les initiatives comme la force conjointe du G5 Sahel, faute de financement et de soutien, n’ont pas tenu leurs promesses.
Cette situation rappelle les échecs passés en Libye ou en Somalie, où l’absence de suivi post-conflit a plongé ces pays dans le chaos. Au Sahel, le scénario est identique : intervention militaire, retrait précipité, et abandon des populations à leur sort. La communauté internationale semble n’avoir tiré aucune leçon de ses erreurs.
Le Mali ne peut pas être abandonné. Les partenaires internationaux doivent cesser de se contenter de mesures symboliques ou punitives. Il est urgent de repenser la coopération au Sahel, en plaçant les besoins des populations au cœur des priorités. Cela passe par un soutien concret à l’État malien, une coordination renforcée entre les acteurs régionaux et internationaux, et des investissements durables dans la sécurité, l’éducation et le développement économique.
La crise malienne n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de choix politiques et stratégiques défaillants. Il faut agir, mais cela exige une volonté collective et une remise en question profonde des méthodes actuelles. Sinon, le Sahel tout entier risque de basculer dans un chaos dont les conséquences dépasseront largement ses frontières.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fousseynou Kanté.
Mis en ligne : 09/11/2025
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