Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Cette semaine, le président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), Abdoulaye Fall, a accueilli une délégation de la FIFA pour une visite d’inspection du chantier du futur stade fédéral Demba Diop. Lancé en mars 2023 avec un budget de 7 milliards de FCFA et une date de livraison prévue pour juin 2025, le projet accumule les retards : structures en béton inachevées, absence de pelouse, tribunes incomplètes, et une toiture encore à l’état de projet. Plus de deux ans et demi après le début des travaux, le stade reste un chantier à ciel ouvert, tandis que 5,1 milliards de FCFA ont déjà été engloutis.
Si la FIFA et la FSF évoquent une volonté de « relancer la coordination technique », une question s’impose : comment un projet aussi stratégique peut-il être aussi mal géré ? Ce retard n’est pas un simple contretemps, mais le symptôme d’une mauvaise gestion chronique des infrastructures sportives au Sénégal, et plus largement en Afrique.
Le programme FIFA Forward, qui finance en partie la réhabilitation du stade Demba Diop, a été conçu pour soutenir le développement du football à travers le monde. Depuis 2016, il a permis de financer des projets ambitieux, comme la rénovation de stades au Cameroun, en Guinée ou encore au Nigeria, où les chantiers ont souvent été menés à terme dans les délais et les budgets prévus. Pourtant, au Sénégal, le constat est tout autre. Malgré des fonds importants et une volonté affichée de modernisation, le chantier du Demba Diop traîne en longueur, sans explication claire ni communication transparente sur les causes de ces retards.
Les retards du stade Demba Diop ne sont pas une exception, mais la règle dans la gestion des grands projets d’infrastructure en Afrique. Selon la Banque africaine de développement, le continent perd chaque année près de 2 % de croissance économique en raison des retards et des surcoûts dans les projets d’infrastructure. Les causes sont bien connues : manque de planification rigoureuse, fragmentation des responsabilités, absence de gouvernance claire, et parfois, corruption ou incompétence des sous-traitants. Au Sénégal, le chantier du Demba Diop illustre parfaitement ces dysfonctionnements. Lancé sans une planification réaliste, il a rapidement accumulé les retards, sans que les autorités ne prennent de mesures correctives efficaces.
Avec 5,1 milliards de FCFA déjà dépensés pour un stade toujours inachevé, le projet Demba Diop devient un symbole du gaspillage des deniers publics et des fonds internationaux. À titre de comparaison, la rénovation du stade Ahmadou Ahidjo au Cameroun, conforme aux normes de la CAF, a été menée dans les temps et a permis d’accueillir des compétitions internationales sans encombre. De même, au Maroc, les stades de Casablanca, Rabat et Tanger ont été réhabilités en vue de la CAN 2025, avec une gestion rigoureuse des budgets et des délais. Pourquoi le Sénégal ne parvient-il pas à faire de même ?
L’absence de transparence sur les causes des retards est également préoccupante. Les autorités évoquent des « problèmes techniques » ou des « ajustements », mais sans jamais fournir de détails concrets. Cette opacité alimente les soupçons de mauvaise gestion, voire de détournements, et mine la confiance des citoyens et des partenaires internationaux.
Le stade Demba Diop devait être un symbole de modernité et d’ambition pour le football sénégalais. Il risque de devenir, au contraire, un exemple de plus de l’incapacité du pays à mener à bien ses grands projets. Il faut que la FSF et les autorités compétentes fassent preuve de transparence, identifient clairement les responsables des retards, et mettent en place des mécanismes de suivi rigoureux pour éviter que ce scénario ne se reproduise.
L’Afrique a besoin d’infrastructures sportives de qualité, mais elle a surtout besoin de projets bien gérés, transparents et efficaces. Le Sénégal, avec son potentiel et ses ressources, peut et doit faire mieux. Le stade Demba Diop doit devenir une leçon, et non un échec. On doit passer des promesses aux actes, et montrer que le pays est capable de relever les défis de la modernisation avec sérieux et professionnalisme.
Il est impératif que les autorités sénégalaises :
Publient un audit indépendant sur les causes des retards et les dépenses engagées. Mettent en place un comité de suivi indépendant pour superviser l’achèvement du chantier. Sanctionnent les responsables des dysfonctionnements avérés. Réforment en profondeur la gestion des projets d’infrastructure pour éviter de nouvelles dérives.
Le football sénégalais mérite mieux qu’un stade inachevé et des milliards gaspillés. L’heure est à l’action, pas aux excuses.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Aladji D.
Mis en ligne : 10/11/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





