Alioune Tine : L'État et la presse, un écart alarmant à combler - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 12/11/2025 08:11:30

Alioune Tine : L'État et la presse, un écart alarmant à combler

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Dans une récente déclaration, Alioune Tine, fondateur du think-tank Afrikajom Center, a interpellé le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sur les relations tendues entre l’État et la presse. Bien que Tine plaide pour un soutien accru à un secteur médiatique en crise, son discours révèle une déconnexion préoccupante entre les attentes du gouvernement et la réalité du soutien à la presse, révélant ainsi un manque d’engagement réel.

La presse, pilier fondamental de toute démocratie, traverse une période tumultueuse, exacerbée par des défis économiques et technologiques. La transition numérique, l’essor de l’intelligence artificielle et la crise financière frappent de plein fouet les médias, fragilisant leur modèle économique. Dans ce contexte, les déclarations d’Alioune Tine soulèvent des questions cruciales sur la responsabilité de l’État dans le soutien à un secteur essentiel à la démocratie.

Dans son message sur X, Tine affirme que « l’État sénégalais doit soutenir une presse en crise », soulignant que « sans une presse libre et de qualité, il n’existe pas de démocratie ». Cette affirmation, bien que pertinente, semble ignorer la réalité des engagements gouvernementaux passés qui, jusqu’à présent, n’ont pas été concrétisés. Les promesses d’aide budgétaire et de contrats publicitaires sont souvent restées lettre morte, laissant les journalistes dans une situation précaire.

Tine évoque également une « introspection » des acteurs de la presse, ce qui pourrait être interprété comme un appel à la responsabilité collective. Cependant, cette introspection ne doit pas occulter le fait que l’État a un rôle proactif à jouer. En d’autres termes, on ne peut pas demander à une presse affaiblie de se réinventer sans un soutien tangible et efficace de la part des autorités.

Le manque d’engagement réel du gouvernement se manifeste de plusieurs manières. Tout d’abord, les mesures d’aide financière promises ne sont pas mises en œuvre de manière efficace. Par ailleurs, le manque de dialogue entre les acteurs de la presse et les décideurs politiques contribue à une atmosphère de méfiance et de frustration. En effet, la situation actuelle rappelle une danse où l’un des partenaires refuse de suivre le rythme, laissant l’autre déséquilibré.

De plus, la « sous-prolétarisation » des journalistes, que Tine mentionne, est symptomatique d’un système qui néglige la valeur de l’information de qualité. En réduisant les journalistes à des travailleurs précaires, l’État compromet non seulement leur intégrité professionnelle, mais également la qualité de l’information fournie au public. Ce cycle vicieux doit être rompu pour garantir une presse libre et indépendante.

Les promesses d’un soutien à la presse sont souvent des slogans creux, sans véritable impact sur le terrain. Il est impératif que le gouvernement prenne conscience de cette déconnexion et agisse en conséquence pour restaurer la confiance dans les institutions.

Des études montrent que dans les pays où l’État soutient activement la presse, la démocratie est plus robuste et la société civile plus engagée. Par exemple, des pays comme le Canada et l’Allemagne ont mis en place des subventions et des programmes de soutien qui ont permis à leur presse de s’adapter aux défis contemporains. Ces exemples devraient servir de modèle pour le Sénégal, où le soutien à la presse ne doit pas être une option, mais une nécessité.

Les déclarations d’Alioune Tine mettent en exergue une déconnexion inquiétante entre les attentes du gouvernement et le soutien réel à la presse. Si le Sénégal aspire à une démocratie solide, il faut que l’État prenne des mesures concrètes pour soutenir un secteur médiatique en crise. Le temps est venu pour un véritable dialogue entre les acteurs de la presse et le gouvernement, car une presse libre et de qualité est la clé d’une démocratie en bonne santé.

Il est essentiel que les citoyens s’engagent dans cette discussion cruciale. Exigeons un soutien tangible pour notre presse, car une démocratie forte repose sur une information de qualité. Participez au débat, partagez vos opinions et exigez des actions concrètes de la part de nos dirigeants.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Jules Diop.
Mis en ligne : 12/11/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top