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Dans le cadre de la 19e Assemblée générale de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), Bassirou Diomaye Faye a prononcé un discours qui, bien que chargé d’intentions louables, semble déconnecté des réalités du terrain. En effet, alors que les filières scientifiques peinent à attirer les étudiants, ses propos sur le rôle crucial de l’enseignement supérieur pour inverser cette tendance méritent d’être questionnés.
Le Sénégal, en tant que membre fondateur de la francophonie, se positionne comme un acteur clé dans le paysage éducatif francophone. L’AUF, qui regroupe 12 pays et 135 établissements, est censée être un catalyseur pour la recherche et l’innovation. Cependant, le constat est amer : la désaffection des filières scientifiques demeure une réalité préoccupante. Les discours politiques, bien qu’enflammés, ne suffisent pas à masquer les lacunes d’un système éducatif qui peine à s’adapter aux besoins des étudiants et aux exigences du marché.
Dans son allocution, Bassirou Diomaye Faye a plaidé pour une culture scientifique ancrée dès le plus jeune âge, soulignant l’importance de l’enseignement supérieur dans la lutte contre la désaffection des filières scientifiques. Pourtant, ces déclarations semblent ignorer la réalité vécue par de nombreux étudiants qui, face à des programmes souvent jugés obsolètes et peu engageants, choisissent des voies alternatives. La comparaison avec un phare qui brille dans l’obscurité est ici pertinente : même le plus brillant des phares ne peut éclairer un chemin que si les navires sont prêts à l’emprunter.
Premièrement, il est crucial de reconnaître que l’enseignement supérieur ne peut pas être le seul responsable de l’attrait pour les sciences. Les institutions doivent évoluer, s’adapter et répondre aux attentes des jeunes. Les programmes doivent être repensés pour inclure des approches pratiques et innovantes, car il ne suffit pas de parler de passion pour les mathématiques et la technologie ; il faut également offrir des perspectives concrètes. Deuxièmement, l’appel à l’innovation et à la créativité ne peut rester un vœu pieux. Les enseignants-chercheurs doivent être soutenus par des politiques qui favorisent l’expérimentation et la mise en œuvre de nouvelles idées.
L’assertion de Faye selon laquelle l’enseignement supérieur peut inverser la tendance de désaffection est à la fois inspirante et naïve. Dans un contexte où les jeunes sont de plus en plus attirés par des carrières alternatives, souvent plus rémunératrices et moins exigeantes, il est illusoire de croire qu’un simple appel à la passion suffira à renverser la vapeur. La réalité est que les jeunes sont en quête de sens et d’opportunités, et l’enseignement supérieur doit leur offrir cela, plutôt que de se contenter de discours.
Des études montrent que l’engagement des étudiants dans les filières scientifiques est directement lié à leur perception de l’avenir professionnel. Dans plusieurs pays, des initiatives ont été mises en place pour rendre les sciences plus accessibles et attrayantes, notamment à travers des partenariats avec l’industrie et des programmes de mentorat. En comparaison, le Sénégal semble encore en retard sur ces fronts, ce qui accentue la nécessité d’une réforme profonde et urgente.
Bien que Bassirou Diomaye Faye ait raison de souligner l’importance de l’enseignement supérieur dans la promotion des sciences, ses déclarations doivent être nuancées par une prise de conscience des réalités du terrain. Les discours ne suffisent plus ; il est temps d’agir.
Il faut réclamer des actions concrètes et des réformes audacieuses pour revitaliser nos filières scientifiques. Ensemble, faisons entendre notre voix pour que l’enseignement supérieur devienne véritablement un levier d’avenir pour la jeunesse africaine.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Diop Faye.
Mis en ligne : 13/11/2025
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