Me Moussa Diop : Quand l’indignation devient un acte politique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 14/11/2025 08:11:00

Me Moussa Diop : Quand l’indignation devient un acte politique

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L’arrestation des journalistes Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall, le 29 octobre 2025, a suscité une onde de choc au Sénégal. Invité de l’émission Le Grand Jury sur RFM, Me Moussa Diop, avocat et leader de l’Alternative Générationnelle/Jotna (AG/Jotna), a dénoncé avec une fermeté rare ces interpellations, qualifiant l’événement de « franchissement du rubicond » et d’« atteinte grave à la liberté de la presse ».

Son intervention, loin d’être une simple réaction émotionnelle, s’inscrit comme un acte politique fort, nécessaire pour éveiller les consciences et rappeler les principes démocratiques fondamentaux. Dans un contexte où la liberté de la presse est de plus en plus menacée, son indignation mérite d’être saluée comme un appel à l’action collective.

Les arrestations de Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall, suite à leur entretien avec une personne sous le coup d’un mandat d’arrêt, ont été largement condamnées par la société civile, les organisations de presse et une partie de la classe politique. La presse sénégalaise, longtemps considérée comme un pilier de la démocratie en Afrique de l’Ouest, fait face à une vague de répression sans précédent : fermetures de médias, convocations arbitraires, et pressions économiques sur les rédactions. Selon Reporters Sans Frontières, près de 80 % des médias sénégalais sont aujourd’hui fragilisés, et les arrestations de journalistes se multiplient, remettant en cause les acquis démocratiques du pays.

Me Moussa Diop, en s’exprimant publiquement, a catalysé le débat national. Son argumentaire juridique est clair : « Aucun texte n’interdit à un journaliste de faire un entretien avec quelqu’un qui est recherché ou sous le coup d’un mandat d’arrêt ». Cette prise de position a forcé le pouvoir à se justifier et a révélé une instrumentalisation politique de la justice. Son appel à la retenue et au respect des droits des journalistes a résonné bien au-delà des cercles médiatiques, provoquant une mobilisation sans précédent. La presse sénégalaise s’est unie pour créer un Front pour la défense de la liberté de la presse, et des sit-in ont été organisés devant les rédactions de 7TV et RFM.

L’indignation de Me Moussa Diop n’est pas un cri dans le désert. Elle a inspiré d’autres voix à s’élever, comme celle de Khalifa Sall, leader de Taxawu Sénégal, ou celle des avocats de Madiambal Diagne, qui ont dénoncé des « arrestations politiques » et un « aveu politique ». Son courage est d’autant plus remarquable qu’il prend des risques personnels : en tant qu’opposant et avocat engagé, il s’expose à des représailles. Pourtant, il persiste, montrant l’exemple à une classe politique souvent trop silencieuse face aux dérives autoritaires.

Son engagement rappelle des situations similaires dans d’autres pays, où des journalistes ont été arrêtés pour avoir interviewé des personnes controversées. En Éthiopie, au Burkina Faso ou en Russie, les arrestations arbitraires de journalistes sont devenues un outil de répression couramment utilisé par les régimes autoritaires. Au Sénégal, comme ailleurs, la défense de la liberté de la presse est un combat pour la démocratie elle-même.

Me Moussa Diop incarne aujourd’hui la résistance face à l’arbitraire. Son indignation n’est pas seulement une réaction, mais un acte politique qui rappelle à tous l’importance de la liberté d’informer et d’être informé. Dans un pays où les libertés reculent, son courage est contagieux et son exemple mérite d’être suivi. La mobilisation qu’il a suscitée prouve que la société sénégalaise refuse de se soumettre. Il est temps pour tous les acteurs politiques et citoyens de se dresser, comme lui, pour défendre les valeurs démocratiques et la liberté de la presse, sans lesquelles aucune société ne peut prospérer.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bernard Faye.
Mis en ligne : 14/11/2025

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