Illusion de propreté à Dakar : La pauvreté n'a pas disparu - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 19/11/2025 02:11:15

Illusion de propreté à Dakar : La pauvreté n'a pas disparu

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Il est indéniable que Dakar arbore une nouvelle apparence. Les trottoirs sont dégagés, permettant aux piétons de déambuler sans craindre de trébucher sur des marchandises ou de contourner des installations improvisées. Cependant, derrière cette façade séduisante se cache une réalité bien plus sombre. Il est irresponsable de croire que la pauvreté s’évaporera simplement parce que nos rues sont assainies.

La transformation de Dakar en une ville plus propre a été saluée par de nombreux observateurs. Les autorités ont misé sur une esthétique urbaine qui, sur le papier, semble prometteuse. Pourtant, cette démarche, qui vise à embellir la ville, se heurte à une question cruciale : où sont passés les nombreux travailleurs informels qui, jusqu’alors, peuplaient ces espaces ? Leur absence ne doit pas être interprétée comme un succès, mais comme un signe alarmant d’une politique qui fait fi des réalités économiques.

Le nettoyage des trottoirs a été traité comme un simple problème de voirie, sans prendre en compte les conséquences économiques sur les personnes qui en dépendaient pour survivre. C’est comme si on avait décidé d’évacuer les nuages d’orage sans se soucier des tempêtes qu’ils pourraient provoquer. En chassant ces marchands de la rue, on n’a pas résolu le chômage ; on l’a simplement rendu invisible, comme si l’on croyait que balayer sous le tapis allait faire disparaître la poussière.

La réalité est que ces travailleurs ne sont pas des objets décoratifs sur un tableau urbain. Ils sont des personnes, des mères et des pères de famille qui luttent chaque jour pour mettre de la nourriture sur la table. En les écartant de la vue, on ne fait que masquer un problème qui ne disparaîtra pas. Croire que ces individus vont se résoudre à mourir de faim en silence, chez eux, juste pour que la ville brille, est une illusion dangereuse. C’est un peu comme penser que l’on peut éteindre un incendie en peignant le mur qui brûle.

Il est normal de se rendre compte que cette propreté, si elle est louable en soi, ne peut pas être un but en soi. Elle doit s’accompagner de solutions concrètes pour les personnes qui se retrouvent mises à l’écart. Si l’on ne propose pas d’alternatives, ce vide créé par l’absence des gorgorlous sera inévitablement comblé, soit par le retour de ces mêmes vendeurs, soit par la colère et le désespoir. La propreté sans une solution sociale est une façade, un vernis qui cache une réalité bien plus complexe et tragique.

Des études montrent que l’exclusion des travailleurs informels dans les politiques urbaines peut avoir des conséquences dévastatrices sur l’économie locale. En agissant ainsi, l’État ne fait pas que réduire le nombre de vendeurs de rue, il crée un terreau fertile pour la pauvreté et la frustration. La ville de Dakar, comme tant d’autres, doit comprendre que la prospérité de ses citoyens ne se mesure pas à la propreté de ses trottoirs, mais à leur capacité à vivre dignement.

La propreté des trottoirs de Dakar est une belle illusion qui masque une réalité bien plus sombre. Il est irresponsable de penser que la pauvreté disparaîtra simplement parce que les rues sont nettes. La ville doit agir avec responsabilité et compassion, en offrant des alternatives à ceux qui ont été chassés.

Il faut que chacun d’entre nous prenne conscience de cette situation et exige des solutions durables. Engageons-nous à soutenir des politiques qui intègrent les travailleurs informels plutôt que de les invisibiliser. La dignité humaine ne devrait jamais être sacrifiée sur l’autel de l’esthétique urbaine.

Article opinion écrit par le créatrice de conteur : Fallou F.
Mis en ligne : 19/10/2025

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