Taxe sur le mobile money : Un risque pour l'économie sénégalaise ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Business | Par Eva | Publié le 02/12/2025 02:12:15

Taxe sur le mobile money : Un risque pour l'économie sénégalaise ?

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Au Sénégal, l’introduction d’une nouvelle taxe sur les transactions de mobile money suscite de vives inquiétudes. Alors que l’État cherche à augmenter ses recettes fiscales, cette mesure pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le secteur, à l’image de ce qui s’est produit en Tanzanie. L’impact négatif potentiel sur les transactions et l’économie informelle mérite une attention particulière.

Le mobile money est devenu un outil essentiel au Sénégal, où plus de 80 % des adultes en possèdent un compte. Face à une dette souveraine record, le gouvernement a décidé d’imposer un prélèvement de 0,5 % sur les transactions, plafonné à 2 000 F CFA (environ 3 euros). Bien que cette loi ait été adoptée en septembre dernier, son application n’a pas encore débuté, mais les réactions des acteurs économiques sont déjà préoccupantes.

Les craintes exprimées par les professionnels du secteur sont fondées. Joelle Sow, secrétaire générale de la coopérative Digital Senegal, souligne que cette taxe pourrait entraîner un retour au cash pour de nombreux Sénégalais, perturbant ainsi un système financier qui a favorisé l’inclusion économique. Les petits commerçants, qui ont adopté le mobile money pour sa simplicité et son faible coût, redoutent désormais un manque à gagner significatif. Sidy Niang, cofondateur de la startup Maad, met en lumière les conséquences concrètes sur les prix, notamment dans le secteur agroalimentaire, où la taxe pourrait faire grimper les coûts pour les consommateurs à pouvoir d’achat limité.

Le gouvernement justifie cette mesure en arguant qu’elle permettra de mobiliser des ressources pour le pays. Cependant, cela pourrait avoir l’effet inverse, en décourageant l’utilisation du mobile money. Les professionnels du numérique dénoncent une approche injuste qui pèse sur un secteur en pleine croissance, essentiel pour le commerce sénégalais. En effet, le mobile money représente près de 46 % de la richesse créée annuellement dans le secteur informel. La comparaison avec la Tanzanie est particulièrement pertinente : l’introduction d’une taxe de 1 % sur les transactions mobile money y avait entraîné une chute de 38 % des transferts de personne à personne, un revers que le gouvernement tanzanien a dû corriger en urgence.

Les répercussions potentielles de cette taxe sur le secteur informel, crucial pour l’économie sénégalaise. En alourdissant la charge fiscale sur les acteurs déjà en règle, le gouvernement risque d’éroder les bases d’un système qui a permis à des millions de Sénégalais de participer à l’économie. Les petits commerçants, déjà vulnérables, pourraient être contraints de renoncer à un moyen de paiement qui leur a permis de se développer et de prospérer.

Des études montrent que le mobile money est un levier de croissance pour l’économie informelle, offrant des solutions de paiement rapides et efficaces. En augmentant les coûts des transactions, cette nouvelle taxe pourrait non seulement réduire le volume des transactions, mais aussi pousser de nombreux acteurs vers l’informalité, aggravant ainsi le problème de l’évasion fiscale. Le gouvernement devrait plutôt chercher à élargir l’assiette fiscale en s’attaquant aux acteurs informels qui échappent à l’impôt, plutôt que de pénaliser ceux qui contribuent déjà.

La nouvelle taxe sur le mobile money au Sénégal, bien qu’elle vise à augmenter les recettes fiscales, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le secteur. Le risque d’une chute des transactions, comme observé en Tanzanie, est réel et pourrait nuire à l’économie informelle. Les acteurs économiques doivent se mobiliser pour demander une révision de cette mesure, afin de protéger un secteur vital pour l’avenir du pays.

Il est essentiel que les citoyens, les commerçants et les professionnels du secteur numérique s’engagent dans un dialogue constructif avec le gouvernement. Ensemble, ils peuvent défendre un système qui favorise l’inclusion économique et la prospérité collective.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Thiaw.
Mis en ligne : 02/12/2025

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