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La large victoire du Sénégal face au Kenya (8-0) et le légendaire 10-1 contre la Mauritanie en 1972 sont souvent présentés comme des démonstrations de force historique des Lions. Pourtant, une analyse plus fine révèle que ces scores fleuves s’inscrivent dans un contexte particulier : celui d’adversaires affaiblis, en reconstruction, ou traversant des crises internes. Plutôt que de célébrer sans nuance ces performances, il est légitime de s’interroger : le Kenya de 2025 et la Mauritanie de 1972 étaient-ils vraiment à leur niveau habituel ? Et ces victoires reflètent-elles une véritable domination, ou profitent-elles simplement de circonstances favorables ?
Le match amical du 18 novembre 2025, remporté 8-0 par le Sénégal, intervient dans un contexte peu représentatif du potentiel kenyan. L’équipe nationale kényane traverse une période de transition, marquée par des changements fréquents d’entraîneur, un manque de préparation optimale, et une absence de qualification pour la CAN 2025 un signe clair de ses difficultés actuelles. De plus, le Kenya abordait cette rencontre après une série de contre-performances et sans pression compétitive, contrairement au Sénégal, qui cherchait à se rassurer après une défaite face au Brésil. Comme l’a souligné le sélectionneur sénégalais, Pape Thiaw : « Le Kenya est un bon adversaire pour la préparation, mais ce n’est pas une équipe au sommet de sa forme ».
Le 10-1 infligé à la Mauritanie en 1972 s’inscrit dans une époque où le football mauritanien en était à ses balbutiements. Créée seulement en 1961, la sélection mauritanienne accumulait alors les défaites lourdes (14-0 contre la Guinée la même année, 8-0 contre l’Algérie en 1975) et peignait à se structurer. Le match contre le Sénégal, disputé dans le cadre des éliminatoires des Jeux africains de Lagos, opposait une équipe sénégalaise déjà expérimentée à une formation mauritanienne en pleine construction, sans infrastructure ni encadrement technique digne de ce nom. La Mauritanie ne remportera d’ailleurs son premier match officiel qu’en 1979, et ne participera à sa première CAN qu’en 2019.
Ces larges victoires s’expliquent moins par une supériorité écrasante des Lions que par des déséquilibres structurels :
Absence de pression compétitive : Les matchs amicaux ou éliminatoires contre des équipes en développement permettent souvent aux favoris de surjouer l’adversaire, sans risque sportif réel. Le Sénégal, comme d’autres nations africaines, a l’habitude de dominer des équipes en reconstruction, mais peine à reproduire ces performances contre des adversaires de premier plan (ex. : éliminations précoces en CAN ou en Coupe du Monde).
Stratégie de préservation : Certaines équipes africaines évitent de surinvestir ces rencontres pour préserver leurs joueurs et leur énergie en vue des compétitions majeures. Le Sénégal, lui, semble parfois tomber dans le piège de la surconfiance après de tels scores, comme en témoignent ses échecs répétés en phases finales.
À l’inverse, des sélections comme le Maroc ou l’Égypte, pourtant capables de larges victoires, privilégient souvent une gestion plus pragmatique de leurs matchs contre des adversaires « faciles ». Elles évitent ainsi de créer une fausse impression de domination et de sous-estimer les vrais défis. Le Sénégal, en s’appuyant trop sur ces scores, risque de masquer ses lacunes tactiques et mentales, comme l’a montré son élimination en 8e de finale de la CAN 2024 contre la Côte d’Ivoire.
Les scores comme 8-0 ou 10-1 créent une illusion de maîtrise, alors que le Sénégal a régulièrement déçu lors des compétitions majeures. Après le 10-1 contre la Mauritanie en 1972, les Lions ont mis des décennies à confirmer sur la scène continentale, ne remportant leur première CAN qu’en 2022.
Ni le Kenya de 2025 ni la Mauritanie de 1972 n’étaient à leur apogée. Le Kenya, absent de la CAN 2025, est en reconstruction, tandis que la Mauritanie des années 1970 était une équipe en devenir, sans expérience internationale. Ces victoires ne testent pas la capacité du Sénégal à affronter des équipes organisées et motivées, comme le Botswana ou la RD Congo, qu’il affrontera en groupe à la CAN 2025.
L’histoire du football africain regorge d’exemples d’équipes qui, après des victoires éclatantes contre des « petits », ont été surprises par des adversaires mieux préparés. Le Sénégal lui-même en a fait les frais, comme en 2024 contre la Côte d’Ivoire.
Le niveau général du football africain a progressé. Les « petites » équipes d’hier, comme la Mauritanie (8e de finaliste en CAN 2024), ne sont plus aussi faciles à écraser. Le Sénégal doit donc adapter sa stratégie et éviter de se reposer sur des performances passées.
Les larges succès du Sénégal contre le Kenya ou la Mauritanie sont avant tout le reflet d’un déséquilibre ponctuel, plus que d’une supériorité durable. Plutôt que de s’enorgueillir de ces scores, les Lions feraient mieux d’en tirer des leçons : la vraie mesure d’une grande équipe ne se juge pas contre des adversaires en crise, mais dans sa capacité à performer quand le niveau monte.
Le Sénégal saura-t-il transformer ces victoires en résultats concrets lors de la CAN 2025, ou restera-t-il prisonnier de l’effet « petites équipes » ?
Pourquoi le Sénégal peine-t-il à confirmer ses promesses en compétition ? Comment éviter que ces larges victoires ne deviennent un piège mental pour les joueurs et les supporters ? Quelles leçons tirer des stratégies d’autres nations africaines, comme le Maroc ou l’Égypte, qui gèrent différemment leurs matchs contre des adversaires « accessibles » ?
Article opinion écrit par le créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 07/12/2025
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