Léon XIV et les fidèles LGBT+ : Une ouverture sans renoncement - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Religion | Par Eva | Publié le 10/12/2025 01:12:00

Léon XIV et les fidèles LGBT+ : Une ouverture sans renoncement

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Dans sa première interview depuis son élection, publiée dans le livre Léon XIV, citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle, le pape Léon XIV a tracé les grandes lignes de son pontificat : stabilité doctrinale, continuité avec son prédécesseur François, et volonté d’apaisement dans une Église catholique traversée par des tensions. Son approche de la question LGBT+ illustre parfaitement cette volonté d’équilibre : maintenir l’enseignement traditionnel tout en réaffirmant l’accueil inconditionnel de tous les fidèles. Un parti pris qui mérite d’être salué, car il évite à la fois le repli et la rupture, offrant ainsi une voie de dialogue et d’espoir pour les catholiques LGBT+ sans sacrifier l’identité de l’Église.

L’Église catholique est aujourd’hui déchirée entre deux courants. D’un côté, les conservateurs, attachés à une lecture stricte de la doctrine, craignent toute évolution sur les questions de sexualité et de famille. De l’autre, les progressistes, inspirés par les gestes d’ouverture de François, réclament une reconnaissance plus forte des réalités LGBT+ et des familles non traditionnelles. Léon XIV hérite de ce clivage, aggravé par des polémiques récentes, comme l’autorisation des bénédictions de couples de même sexe fin 2023, décision qui avait suscité une levée de boucliers dans certaines régions, notamment en Afrique et aux États-Unis. Son défi : rassurer les uns sans décourager les autres, tout en préservant l’unité de l’Église.

Léon XIV, dans ses échanges avec la journaliste Elise Ann Allen, adopte une position claire : « L’enseignement de l’Église restera tel quel. » Il exclut donc toute réforme doctrinale à court terme, que ce soit sur le mariage homosexuel ou l’ordination des femmes. Pourtant, il réaffirme avec force l’accueil de « tous, tous, tous », formule chère à François. Cette apparente contradiction cache en réalité une subtile stratégie pastorale. Le pape distingue soigneusement l’accueil des personnes de la validation de leurs choix. « Tout le monde est invité, mais je n’invite pas une personne en raison de son identité particulière », précise-t-il. Autrement dit, l’Église ouvre ses portes à tous, sans distinction, mais ne renonce pas à son enseignement sur le mariage comme union entre un homme et une femme.

Cette distinction est cruciale. Elle permet de concilier deux impératifs : la charité chrétienne, qui commande d’accueillir chaque personne avec respect, et la fidélité à une doctrine millénaire. Léon XIV ne cède ni à la pression des conservateurs, qui voudraient un retour en arrière, ni à celle des progressistes, qui réclament une révolution. Il choisit la voie médiane, celle d’une Église qui écoute, accompagne, et bénit, sans pour autant modifier sa doctrine. Comme il l’explique, « nous pouvons bénir tout le monde, mais nous ne devrions pas chercher à ritualiser une quelconque bénédiction » qui pourrait être interprétée comme une approbation du mariage homosexuel. Cette nuance est essentielle : elle permet de reconnaître la dignité de chaque personne, y compris LGBT+, sans créer de confusion sur le plan doctrinal.

Plusieurs éléments plaident en faveur de cette approche. D’abord, elle évite la polarisation. Léon XIV le dit lui-même : il ne veut pas « encourager la polarisation au sein de l’Église ». En maintenant un équilibre entre accueil et fidélité à la doctrine, il offre un cadre où chacun peut se sentir écouté, sans que l’Église ne se déchire. Ensuite, cette position est cohérente avec la tradition catholique de la miséricorde. L’Église a toujours enseigné que chaque personne, quelles que soient ses orientations ou ses choix, est aimée de Dieu et appelée à la sainteté. Enfin, elle répond à une attente forte des fidèles LGBT+, qui aspirent à être reconnus dans leur dignité sans pour autant exiger une approbation de leurs relations.

Le pape va plus loin en recevant en audience privée le père James Martin, figure majeure de l’accompagnement des catholiques LGBT+. Ce geste symbolique montre que l’Église, sous son pontificat, ne tourne pas le dos à ceux qui se sentent marginalisés. Comme le souligne Martin, l’approche de Léon XIV est « une continuation de celle du pape François, ce qui est tout à fait positif ». Elle permet de désamorcer les tensions tout en maintenant un cap clair.

Cette stratégie n’est pas sans rappeler celle adoptée par d’autres institutions religieuses ou sociales confrontées à des divisions internes. Par exemple, certaines Églises protestantes ont choisi de bénir les couples de même sexe sans pour autant modifier leur doctrine sur le mariage. De même, dans le monde politique, des dirigeants ont su apaiser des conflits en combinant fermeté sur les principes et ouverture dans le dialogue. Léon XIV applique cette méthode à l’Église : il reste ferme sur le fond, mais souple sur la forme.

Léon XIV prouve qu’on peut aimer sans tout approuver. Son pontificat pourrait ainsi offrir une leçon de charité à une Église en crise. En accueillant les fidèles LGBT+ sans renoncer à son enseignement, il montre que la fidélité à la doctrine et l’ouverture aux personnes ne sont pas incompatibles. Bien au contraire, elles se renforcent mutuellement. Dans un monde où les clivages se durcissent, cette voie de la nuance et du dialogue est plus nécessaire que jamais.

Le pape Léon XIV trace un chemin exigeant, mais porteur d’espoir. Il rappelle que l’Église n’est pas un club réservé à une élite morale, mais une famille où chacun a sa place. À condition d’accepter de marcher ensemble, dans le respect des différences et la fidélité à un héritage commun. Comme il le dit lui-même, « apprenons à nous connaître et à nous respecter les uns les autres ». Une invitation à la fraternité, qui mérite d’être entendue bien au-delà des frontières de l’Église.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Jean Kane.
Mis en ligne : 10/12/2025

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