Dalal Jamm : Un scandale qui interroge la crédibilité des autorités - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 13/12/2025 08:12:00

Dalal Jamm : Un scandale qui interroge la crédibilité des autorités

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Un audit technique récemment commandé par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARCOP) révèle des dérives inacceptables dans la gestion d’un chantier majeur au Centre hospitalier national Dalal Jamm (CHNDJ). Ce projet, censé améliorer les services de greffe de moelle et de procréation médicalement assistée, a été le théâtre d’une gestion désastreuse, révélant des pratiques qui frôlent la fraude. Il est impératif de dénoncer ces abus qui entachent la crédibilité des marchés publics au Sénégal.

Le chantier, attribué au groupement Sylla Trading Corporation Sarm/Groupe Delta après un appel d’offres restreint, avait un budget initial de 1,119 milliard F CFA. Pourtant, à la fin des travaux, la facture a explosé à 1,454 milliard F CFA, une augmentation alarmante de plus de 300 millions F CFA. Ce dépassement est en grande partie dû à un avenant signé en avril 2022, qui a permis d’ajouter des travaux supplémentaires. Mais ce qui est encore plus choquant, c’est que certains de ces travaux, évalués à 178,4 millions F CFA, étaient déjà inclus dans le marché initial. Cela soulève des questions sur la transparence et la rigueur des contrôles administratifs.

Le rapport du cabinet Adoc SA, qui a réalisé l’audit, révèle des anomalies qui ne peuvent être ignorées. D’abord, le retard colossal dans l’exécution des travaux, initialement prévus pour durer dix-huit mois, a atteint le chiffre ahurissant de trente-trois mois. Malgré ce manquement flagrant, aucune pénalité n’a été appliquée à l’entreprise adjudicataire, laissant supposer une complaisance inacceptable de la part des autorités. En effet, le montant des pénalités non réclamées s’élève à 332,7 millions F CFA, un chiffre qui interroge sur la volonté réelle de contrôler les dépenses publiques.

Les inspecteurs ont également mis en évidence que des travaux d’une valeur de 63,4 millions F CFA avaient été facturés alors qu’ils n’avaient pas été réalisés au moment de leur passage. C’est une situation qui ressemble à une escroquerie organisée, où les contribuables sont les véritables perdants. De plus, la surévaluation des quantités de matériaux a entraîné un surcoût de près de 75 millions F CFA, ce qui témoigne d’une négligence ou d’une malveillance dans la gestion du chantier. Et pour couronner le tout, l’entrepreneur n’a même pas fourni la garantie de bonne exécution, un manquement qui aurait dû alerter les autorités dès le départ.

Ces révélations sont d’une gravité extrême. Elles montrent non seulement une gestion chaotique des fonds publics, mais également une absence de contrôle qui frôle la complicité. Dans un pays où les ressources sont déjà limitées, ces dérives sont inacceptables. Les citoyens ont le droit de savoir où va leur argent et comment il est utilisé. Il est inacceptable de voir des entreprises tirer profit de l’incompétence ou de la corruption au détriment de la santé publique. Comme le dit le proverbe, « qui ne dit mot consent », et dans ce cas précis, le silence des autorités est assourdissant.

Il est crucial de considérer ces travaux facturés sans avoir été réalisés comme un véritable fléau pour la gouvernance des marchés publics. Cela ne peut être considéré comme une simple négligence ; c’est une alerte sur le risque de fraude qui pèse sur les finances publiques. Dans un secteur aussi sensible que la santé, où chaque franc dépensé doit être justifié, ces manquements sont d’une gravité inouïe. La situation actuelle ressemble à un bateau à la dérive, sans capitaine ni boussole, où les intérêts privés semblent l’emporter sur le bien commun.

Il faut rappeler que le secteur hospitalier au Sénégal est déjà en proie à de nombreux défis, et ces dérives ne font qu’aggraver la situation. Des études antérieures ont montré que la mauvaise gestion des marchés publics est une des principales causes du manque de confiance des citoyens envers les institutions. Ces derniers méritent une réponse claire et des actions concrètes pour restaurer la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds publics.

Le rapport d’audit sur le chantier du Centre hospitalier national Dalal Jamm ne fait que confirmer ce que beaucoup soupçonnaient déjà : une gestion désastreuse et potentiellement frauduleuse des marchés publics. Les autorités doivent prendre leurs responsabilités et agir avec fermeté. Les contribuables ne doivent pas payer le prix de l’incompétence ou de la corruption.

Les citoyens doivent se lever et exiger des comptes. La transparence et la responsabilité doivent devenir des priorités dans la gestion des fonds publics. Ne laissons pas ces dérives continuer à ternir l’image de notre pays.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Dame Ndiaye.
Mis en ligne : 13/12/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top