Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
J’ai grandi à Pikine, chez ma tante, la sœur aînée de ma mère. Sa maison était toujours animée : les enfants couraient entre la cuisine et le salon, les odeurs de thiéré et de mafé chaud flottaient dans l’air. Mais parmi toute cette vie, un jour, ma propre vie a basculé.
Mon cousin, plus âgé que moi de plusieurs années, était pour moi comme un grand frère. Je lui faisais confiance sans réserve, je riais à ses blagues, je suivais ses conseils comme une petite sœur modèle. Jusqu’au jour où ses gestes ont commencé à me dérouter, à me faire peur sans que je sache vraiment pourquoi.
Je n’avais même pas neuf ans. Tout ce que je savais, c’était que son attention ne ressemblait pas à celle d’un frère. Quand il m’offrait des bonbons ou des petites friandises de Medina, il ajoutait toujours des mots qui m’embrouillaient : « C’est normal, on est proches, ne t’inquiète pas. » Et moi, silencieuse, je me taisais. Je pensais que garder le secret protégerait ma famille… ou peut-être moi-même.
Les années ont passé. Je suis devenue une adolescente prudente, puis une jeune femme. Mais le poids de ce silence m’accompagnait chaque jour. Je comprenais enfin : ce n’était pas un jeu. Ce n’était pas de l’affection fraternelle. C’était une violation. Une injustice que personne ne devait subir. Et quelque part, ce jour-là, une part de moi s’est brisée à jamais.
Aujourd’hui, la vie m’impose un paradoxe cruel. C’est lui qui traverse des difficultés graves, et ironiquement, la seule personne qui pourrait intervenir, c’est moi. Toute la famille me regarde avec insistance. Les murmures fusent : « Tu es égoïste », « Tu refuses de soutenir ta famille », « Tu manques de cœur ».
Alors j’ai parlé. J’ai enfin confié à ma sœur ce qui s’était passé. Je m’attendais à de la compréhension, à de la compassion… mais sa réponse a été glaciale : « Tu inventes tout ça juste pour ne pas aider la famille. » À ce moment-là, j’ai senti une deuxième fracture, plus douloureuse encore que la première.
Maintenant, je me tiens face à un choix impossible : dois-je étouffer ma douleur, oublier l’enfant que j’étais, et tendre la main à celui qui m’a volé mon innocence ? Ou dois-je enfin me protéger, affirmer mes limites, même si cela signifie être jugée, rejetée, incomprise ?
Je n’ai pas de réponse facile. Et parfois, je me demande… que feriez-vous, à ma place ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/12/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





