Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Alioune Tine, ardent défenseur des droits humains, a exprimé son indignation face aux abus qui se propagent sur les réseaux sociaux, appelant à abolir ce qu’il appelle les “72h des réseaux sociaux”. Bien que son intention soit louable, il semble ignorer que cette violence verbale est souvent une réaction à l’absence de dialogue constructif dans l’espace politique sénégalais. Son intervention soulève des questions sur la nature même de ces échanges numériques.
Le phénomène des “72h des réseaux sociaux” a pris de l’ampleur dans le paysage politique sénégalais, où les attaques en ligne deviennent monnaie courante. Ces périodes de lynchage numérique, souvent orchestrées par des groupes militants, visent à déstabiliser des personnalités politiques ou à réduire au silence des voix dissidentes. Alioune Tine dénonce ces pratiques, mais il ne prend pas en compte le climat politique tendu qui les alimente.
Dans son message publié sur X (ex-Twitter), Tine évoque un “lynchage numérique” d’une violence inouïe, accusant ces attaques de porter atteinte à la dignité des individus et des institutions. Toutefois, cette vision unilatérale semble occulter un aspect fondamental : la colère exprimée sur ces plateformes est souvent une réponse à des frustrations accumulées face à un système politique jugé sourd et intransigeant. Les réseaux sociaux, à l’instar d’une soupape de sécurité, permettent à de nombreux citoyens de faire entendre leur voix dans un contexte où le débat public est souvent étouffé.
Premièrement, Tine oublie que les échanges sur les réseaux sociaux ne sont pas seulement le reflet d’une violence gratuite, mais aussi d’une quête de justice et de reconnaissance. Pour de nombreux Sénégalais, ces plateformes sont devenues un espace de résistance face à l’indifférence des élites. En faisant abstraction de cette réalité, Tine semble se ranger du côté des institutions qui préfèrent ignorer les cris de désespoir d’une population en colère.
Deuxièmement, en appelant à mettre un terme à ces dérives, Tine risque de renforcer le silence qui entoure les véritables problèmes. Réduire les échanges en ligne à de simples attaques personnelles, c’est comme balayer sous le tapis une poussière qui ne fera qu’accumuler. Au lieu de condamner ces comportements, il serait plus constructif d’initier un dialogue qui prenne en compte les préoccupations des citoyens.
Le moment est venu de reconnaître que la violence verbale sur les réseaux sociaux est souvent une réaction à l’absence de dialogue constructif. Tine évoque un besoin urgent de restaurer un climat de débat respectueux, mais cela ne pourra se faire que si les leaders politiques acceptent de s’engager avec sincérité dans une conversation ouverte. C’est un peu comme vouloir éteindre un feu sans s’attaquer à la source de l’incendie.
Des études montrent que les interactions sur les réseaux sociaux peuvent être un indicateur des tensions sociales sous-jacentes. Par exemple, un rapport de l’Institut de recherche en sciences sociales a révélé que les pics d’agressivité en ligne coïncident souvent avec des périodes de mécontentement social. Ignorer cette dynamique, c’est comme prétendre que la mer est calme alors qu’une tempête se profile à l’horizon.
Bien que l’appel d’Alioune Tine à mettre fin aux abus sur les réseaux sociaux soit compréhensible, il ne peut pas faire abstraction des causes profondes de cette violence verbale. Il est essentiel de créer un espace de dialogue qui permette d’apaiser les tensions, plutôt que de les ignorer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pierre Gomis.
Mis en ligne : 17/12/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





