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L’annonce est tombée comme un coup de massue : à peine réélu à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o a limogé le sélectionneur Marc Brys et écarté des cadres historiques comme André Onana, Vincent Aboubakar ou Michael Ngadeu de la liste pour la CAN 2025. Ces décisions, prises à seulement vingt jours du coup d’envoi de la compétition au Maroc, ont suscité stupeur et polémique. Pourtant, derrière ce qui peut paraître comme un coup de force se cache une stratégie audacieuse, celle d’un président déterminé à placer l’intérêt collectif au-dessus des individualités et à redonner au Cameroun un football unifié, discipliné et fier de ses couleurs. Si le risque est immense, l’enjeu l’est tout autant : et si Eto’o avait raison ?
Depuis des mois, le football camerounais est secoué par des crises à répétition. L’élimination en barrages de la Coupe du monde 2026, les tensions entre la Fecafoot et le ministère des Sports, les querelles internes au sein du vestiaire et les performances décevantes des Lions Indomptables ont créé un climat délétère. Marc Brys, nommé sélectionneur en avril 2024, était en conflit ouvert avec Eto’o, tandis que des joueurs comme André Onana, figure emblématique mais contestataire, incarnaient une époque de divisions et de résultats médiocres. Lors de son discours de réélection, Eto’o a tracé une ligne rouge : « Aucun joueur ne sera plus au-dessus du Cameroun. Aucun entraîneur ne sera plus au-dessus du Cameroun. Celui qui veut défendre le maillot du Cameroun devra accepter que le Cameroun est au-dessus de lui. S’il ne l’accepte pas, je prendrai mes responsabilités ».
Le limogeage de Brys, justifié par la Fecafoot pour « multiples incidents » et « actes d’insubordination », et l’exclusion de joueurs perçus comme des soutiens du technicien belge, s’inscrivent dans cette logique. À leur place, Eto’o a choisi de faire confiance à des techniciens locaux, David Pagou et Martin Ntoungou Mpile, et à une nouvelle génération de joueurs, moins starifiés mais potentiellement plus soudés.
L’une des principales forces de ces décisions réside dans leur capacité à briser les dynamiques toxiques qui minaient le groupe. En écartant les acteurs des conflits passés, Eto’o offre à l’équipe une chance de repartir sur des bases saines. « Instaurer un climat serein au sein des Lions Indomptables pour une préparation et une participation optimales » à la CAN, tel est l’objectif affiché. Une équipe débarrassée des egos et des querelles internes peut se concentrer sur l’essentiel : le jeu et la performance collective.
Des exemples récents montrent que la cohésion peut faire des miracles. En 2021, le Sénégal, malgré une équipe moins flamboyante que par le passé, a remporté son premier titre continental grâce à un collectif uni et discipliné. De même, la Côte d’Ivoire, en 2023, a su se relever après un début de compétition chaotique pour s’imposer en finale, portée par une solidarité à toute épreuve. Ces succès rappellent que le football est avant tout un sport d’équipe, où l’harmonie du vestiaire compte autant que le talent individuel.
L’unité comme force : l’exemple de la Grèce en 2004 et de Leicester en 2016**
L’histoire du football regorge d’exemples où des équipes moins talentueuses sur le papier ont accompli l’exploit grâce à leur unité. La Grèce, championne d’Europe en 2004, ou Leicester City, sacrée championne d’Angleterre en 2016, ont prouvé qu’un groupe soudé, animé par une volonté commune, peut surpasser des adversaires plus huppés. Le Cameroun de 2025, privé de ses stars mais porté par une nouvelle dynamique, pourrait bien écrire une histoire similaire.
Les joueurs convoqués par Pagou, conscients de la confiance placée en eux, ont tout à prouver. Cette pression positive peut devenir un moteur, les poussant à se dépasser pour honorer le maillot et justifier les choix de leur président.
En misant sur des talents émergents comme Christian Kofane (Bayer Leverkusen) ou Eric-Junior Dina Ebimbe (Stade Brestois), Eto’o envoie un signal clair : le mérite et l’engagement sont récompensés, pas les passe-droits. Cette politique pourrait inspirer les jeunes Camerounais et redonner espoir aux supporters, lassés des polémiques et des sous-performances.
Ces décisions radicales sont aussi un test pour Samuel Eto’o. S’il échoue, les critiques seront virulentes. Mais s’il réussit, il aura prouvé que le football camerounais peut renaître de ses cendres, non pas en s’appuyant sur des individualités, mais en bâtissant un collectif fort et respectueux des valeurs du maillot. « Une élimination avec dignité vaudra toujours mieux qu’une participation sous le signe de la division », pourrait-on résumer sa philosophie.
Sans les tensions passées, les joueurs pourront se concentrer sur leur jeu et développer une vraie complicité sur le terrain.
En assumant pleinement ses choix, le président de la Fecafoot montre qu’il est prêt à prendre des risques pour le bien du football camerounais. Une réussite à la CAN renforcerait sa crédibilité et son autorité, tant auprès des supporters que des instances internationales.
Dans un continent où les fédérations peinent souvent à sanctionner leurs stars, Eto’o incarne une gestion exigeante et transparente, qui pourrait inspirer d’autres dirigeants.
Les adversaires du Cameroun, habitués à affronter des Lions Indomptables portés par leurs stars, pourraient être déstabilisés par une équipe plus collective et moins prévisible.
À trois semaines de la CAN 2025, Samuel Eto’o a choisi la voie de la rupture. Un pari audacieux, certes, mais qui porte en lui l’espoir d’un renouveau. Si le Cameroun parvient à se qualifier pour les phases finales, ce sera la preuve que le football se gagne d’abord par la cohésion, le respect et l’engagement. « Un groupe soudé, même moins starifié, peut accomplir des exploits » c’est ce message que les Lions Indomptables pourraient envoyer au Maroc.
Les supporters, divisés par les récentes décisions, ont désormais un rôle à jouer : soutenir cette équipe, quels que soient les joueurs sur le terrain, et croire en la possibilité d’un exploit. Car après tout, comme le rappelle l’histoire, les plus belles victoires naissent souvent des défis les plus fous.
« Et si, contre toute attente, Eto’o avait raison ? » La réponse, le terrain la donnera. En attendant, une chose est sûre : le Cameroun n’a jamais eu autant besoin d’unité et de fierté.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 17/12/2025
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