Le Maroc : Dernier recours pour les leaders évincés - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 19/12/2025 07:12:15

Le Maroc : Dernier recours pour les leaders évincés

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Umaro Sissoco Embaló, ancien président de la Guinée-Bissau, a trouvé refuge au Maroc après avoir été renversé par un coup d’État militaire le 26 novembre. Son départ de Brazzaville le 3 décembre vers Rabat soulève des interrogations sur les options limitées qui s’offrent aux dirigeants déchus. Le choix du Maroc comme destination semble illustrer une réalité inquiétante : les alternatives pour les leaders évincés sont de plus en plus restreintes, les poussant vers des refuges qui ne garantissent ni sécurité ni soutien.

La Guinée-Bissau, un pays d’Afrique de l’Ouest, a une histoire tumultueuse marquée par des coups d’État et des instabilités politiques. Le dernier en date, survenu fin novembre, a conduit à la chute d’Embaló, qui avait été élu en 2019. Après une brève escale à Brazzaville, où il a séjourné moins de quarante-huit heures, son choix de se rendre au Maroc soulève des questions sur la perception de ce pays en tant que refuge pour les figures politiques en difficulté. En effet, le Maroc, bien qu’étant un pays stable, n’est pas nécessairement perçu comme un havre de paix pour les leaders en exil, mais plutôt comme une destination par défaut.

Le parcours d’Embaló met en lumière une réalité préoccupante pour les dirigeants déchus : le manque d’options viables. Alors que d’autres dirigeants africains ont trouvé refuge dans des pays offrant un soutien politique ou économique, comme le Sénégal pour certains exilés, le Maroc semble être une solution de dernier recours. En comparaison, des figures comme l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui a également été renversé, ont pu s’exiler dans des pays ayant des relations diplomatiques plus solides ou des réseaux de soutien plus développés. Le Maroc, malgré sa position géographique stratégique et ses relations avec l’Europe, ne semble pas offrir cette même opportunité.

Premièrement, le fait qu’Embaló choisisse le Maroc, souvent perçu comme un pays sans engagement clair envers les exilés politiques, souligne une absence de soutien international. Les dirigeants déchus se retrouvent souvent isolés, sans réseau d’alliés politiques pour les soutenir dans leur nouvelle vie d’exil. Deuxièmement, la situation au Maroc, bien qu’elle soit politiquement stable, ne garantit pas une protection contre d’éventuelles pressions diplomatiques ou des tentatives de retour forcé dans leur pays d’origine. Les dirigeants évincés comme Embaló doivent naviguer dans un environnement où les accords bilatéraux et les relations internationales peuvent rapidement changer.

Le Maroc, en tant que destination choisie par Embaló, illustre l’absence d’options viables pour les dirigeants déchus. Dans un contexte où les crises politiques se multiplient en Afrique, les pays qui pourraient offrir un refuge sûr se font de plus en plus rares. Les leaders évincés se retrouvent souvent dans des situations précaires, cherchant désespérément un endroit où ils peuvent se reconstruire. Le Maroc, bien que stable, ne semble pas être ce lieu, mais plutôt un choix par défaut, renforçant l’idée que les alternatives pour les dirigeants déchus sont en train de s’éroder.

Des études montrent que la majorité des leaders politiques en exil se tournent vers des pays qui leur offrent des garanties de sécurité et des possibilités de réintégration. Le rapport de l’Institut de la paix et des conflits indique que les pays africains avec des régimes démocratiques stables sont souvent plus accueillants pour les exilés politiques. Le Maroc, en revanche, avec son approche prudente en matière de politique étrangère et ses relations complexes avec d’autres nations africaines, ne semble pas offrir cette même ouverture. En 2022, le pays a été critiqué pour sa gestion des droits de l’homme, ce qui complique davantage sa position en tant que refuge pour les leaders en difficulté.

Le choix d’Embaló de se rendre au Maroc après son renversement est révélateur d’un paysage politique africain en mutation, où les options pour les dirigeants déchus se réduisent. Alors que d’autres pays pourraient offrir des perspectives de soutien et de réhabilitation, le Maroc semble se positionner comme une solution de dernier recours. Cette situation souligne l’urgence d’une réflexion sur les mécanismes de soutien aux leaders évincés, afin d’éviter qu’ils ne deviennent des réfugiés politiques dans un monde où les options se font de plus en plus rares.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Phillipe Coly.
Mis en ligne : 19/12/2025

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