Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire : Trois favoris, trois risques d’échec - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Sport | Par Maimouna | Publié le 20/12/2025 02:12:00

Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire : Trois favoris, trois risques d’échec

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

À quelques heures du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2025, les projecteurs sont braqués sur les favoris : le Maroc, pays hôte et numéro un africain au classement FIFA, le Sénégal, champion en 2022, et la Côte d’Ivoire, tenante du titre. Sur le papier, ces trois nations disposent d’effectifs de rêve, de séries impressionnantes et d’ambitions démesurées. Pourtant, l’histoire du football, africain comme mondial, nous enseigne une leçon cruelle : le statut de favori est souvent un fardeau plus lourd que le talent lui-même. Entre la pression médiatique, les attentes d’un public exigeant et l’incapacité à gérer le stress des grands rendez-vous, ces géants pourraient bien s’effondrer sous leur propre poids. Et si, avant même d’entrer sur le terrain, les favoris étaient déjà battus ?

La 35e édition de la CAN s’annonce comme l’une des plus indécises. Le Maroc, fort de 18 victoires consécutives et d’une demi-finale historique au Mondial 2022, arrive en position de super-favori, porté par un public en ébullition et un effectif étoilé. Le Sénégal, avec une génération dorée vieillissante mais toujours redoutable, rêve d’un deuxième sacre. La Côte d’Ivoire, championne en titre, ambitionne de réaliser l’exploit rare de conserver son trophée. Pourtant, derrière ces arguments de papier se cachent des failles profondes, des doutes et des pièges dans lesquels bien des favoris se sont engloutis avant eux.

Avec une série de 18 victoires, un statut de pays hôte et des stars comme Achraf Hakimi ou Yassine Bounou, le Maroc semble invincible. Mais l’histoire récente de la CAN rappelle que le pays organisateur n’a plus remporté le trophée depuis 1976, et que la pression du public peut se transformer en poison. Depuis 2004, les Lions de l’Atlas n’ont jamais dépassé les quarts de finale. Leur parcours en 2025 s’annonce semé d’embûches : un groupe A piégeux (Mali, Zambie, Comores), une attente nationale démesurée, et le syndrome du « trop favori », qui a déjà terrassé des équipes bien plus expérimentées, comme l’Allemagne en Coupe du Monde ou le Brésil à domicile en 2014. Walid Regragui le sait : la moindre contre-performance sera vécue comme un échec. Or, dans le football, la logique du papier ne résiste pas toujours à la réalité du terrain.

Les Lions de la Teranga arrivent au Maroc avec une équipe en transition. Autour des cadres vieillissants (Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye), le sélectionneur Pape Thiaw a injecté du sang neuf, mais l’équilibre reste fragile. Leur élimination prématurée en 2024 face à la Côte d’Ivoire a révélé des limites tactiques et mentales. Mané, à 33 ans, n’a plus la même explosivité, et Koulibaly, bien que toujours influent, n’est plus le rocher d’antan. Le Sénégal mise sur une nouvelle génération (Ibrahim Mbaye, Pape Matar Sarr), mais l’inexpérience en grand tournoi et le manque de cohésion pourraient coûter cher. Comme en 2002, quand la France, championne du monde, s’était effondrée dès le premier tour, le Sénégal risque de payer le prix d’une génération en bout de course.

Conserver son titre en CAN relève de l’exploit : seules trois nations y sont parvenues depuis 1957. La Côte d’Ivoire, sacrée en 2024 après un parcours chaotique, arrive au Maroc avec un effectif remanié (absences de Pépé, Adingra) et un groupe F redoutable (Cameroun, Gabon, Mozambique). Leur victoire à domicile avait une dimension presque miraculeuse ; la reproduire à l’extérieur, sans l’émotion du public ivoirien, sera bien plus difficile. Emerse Faé a beau avoir bâti une équipe solide, l’irrationnel joue souvent contre les champions en titre. Leur phase de poules s’annonce comme un piège, et leur dépendance à quelques joueurs clés (Seko Fofana, Wilfried Zaha) les rend vulnérables.

La pression, ce tueur silencieux : Le Maroc, comme l’Allemagne en 2018 ou le Brésil en 2014, porte le poids d’une nation entière. Une défaite d’entrée, même contre une équipe « faible », pourrait déclencher une crise de confiance irréversible.

Le vieillissement des cadres : Mané, Koulibaly, Bounou… Ces joueurs ont porté leur sélection pendant une décennie, mais leur déclin physique est une réalité. Les tournois africains, connus pour leur intensité, ne pardonnent pas les faiblesses athlétiques.

L’imprévisibilité de la CAN : Contrairement aux Coupes du Monde, où les favoris s’imposent souvent, la CAN est le royaume des surprises. En 2022, le Sénégal avait battu l’Égypte aux tirs au but ; en 2024, la Côte d’Ivoire s’était qualifiée in extremis. Le moindre grain de sable (arbitrage, blessure, tactique) peut tout faire basculer.

L’absence de profondeur : Les trois favoris comptent sur une poignée de stars, mais leurs bancs manquent de solutions de rechange. Une blessure (comme celle d’Hakimi en 2024) ou une suspension pourrait être fatale.

L’histoire regorge d’exemples d’équipes favorites éliminées précocement : l’Allemagne en 2018, l’Argentine en 2002, ou plus récemment l’Italie, championne d’Europe, absente du Mondial 2022. En CAN, le Cameroun (2010), le Ghana (2015) et l’Algérie (2022) ont tous chuté alors qu’ils étaient annoncés comme les grands favoris. Le football africain, plus que tout autre, est imprévisible.

Le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont tout pour réussir… et tout pour échouer. Leur statut de favori, loin d’être un atout, pourrait bien se révéler leur pire ennemi. Entre la pression, le vieillissement de leurs stars et l’imprévisibilité de la compétition, ces géants semblent condamnés à répéter les erreurs du passé. Alors que les outsiders (RD Congo, Afrique du Sud, Tunisie) arrivent sans complexe, les favoris, eux, portent déjà le poids de l’échec.

La CAN 2025 pourrait bien être celle des surprises, où les « petits » profitent des faiblesses des grands. Et si, cette fois encore, le trophée échappait à ceux qui le désirent le plus ?

Une question reste en suspens : parmi les favoris, qui résistera à la malédiction ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Gueye.
Mis en ligne : 20/12/202
5

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top