Carte biométrique de l'AES : Nouvelle arme de contrôle des gouvernements ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 21/12/2025 11:12:45

Carte biométrique de l'AES : Nouvelle arme de contrôle des gouvernements ?

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Le capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso, a récemment reçu sa Carte d’identité biométrique de la Confédération des États du Sahel (CIB-AES) lors d’une cérémonie officielle. Ce document, bien qu’il soit présenté comme un progrès en matière d’identification sécurisée, soulève des inquiétudes quant à son utilisation potentielle comme outil de contrôle gouvernemental. La biométrie, loin d’être uniquement un moyen de faciliter la circulation des citoyens, pourrait se transformer en un instrument d’oppression, renforçant les capacités de surveillance des États.

La CIB-AES a été introduite suite à une décision des Chefs d’État de la Confédération des États du Sahel lors d’un sommet en décembre 2024. Son objectif affiché est de promouvoir la libre circulation des citoyens et de renforcer la sécurité collective dans la région. Cependant, ce type de document d’identité, basé sur des données biométriques, soulève des questions sur la protection de la vie privée et la sécurité des informations personnelles. L’Office national d’identification (ONI) prévoit de commencer la production de cette carte en janvier 2026, rendant son obtention obligatoire à partir de 13 ans, ce qui pourrait poser des problèmes d’accès pour les populations vulnérables.

L’adoption de la biométrie dans l’identification des citoyens peut sembler bénéfique, mais elle comporte des risques significatifs. En intégrant des données biométriques avancées, la CIB-AES permet une identification précise, mais cela soulève des préoccupations quant à la sécurité des données stockées. Les systèmes biométriques, bien qu’ils soient conçus pour être sécurisés, sont souvent la cible de cyberattaques, exposant ainsi les informations personnelles des citoyens à des risques importants. De plus, l’utilisation de telles technologies peut accroître la capacité des gouvernements à surveiller et contrôler les mouvements de leurs citoyens, créant un environnement propice à l’abus de pouvoir.

L’un des principaux arguments contre l’introduction de la CIB-AES réside dans le fait que la biométrie peut être utilisée pour renforcer des régimes autoritaires. Par exemple, des pays ayant mis en œuvre des systèmes d’identification biométrique ont souvent vu une augmentation des violations des droits humains, notamment en matière de surveillance de masse. De plus, le coût de 3 500 FCFA pour obtenir cette carte peut représenter un obstacle pour les personnes à faibles revenus, renforçant ainsi les inégalités d’accès à des droits fondamentaux. La carte, bien que valable pour dix ans, pourrait également être utilisée pour restreindre la liberté de mouvement des citoyens, en les rendant dépendants d’un système d’identification qui peut être facilement manipulé par les autorités.

La perspective selon laquelle la biométrie sert d’outil d’oppression est renforcée par des exemples de pays où des systèmes similaires ont été mis en place. Dans ces contextes, les gouvernements ont utilisé les données biométriques pour justifier des mesures de sécurité draconiennes, souvent au détriment des libertés individuelles. En outre, l’argument selon lequel la CIB-AES contribuera à la lutte contre le terrorisme peut également être questionné. Il est crucial de se demander si cette mesure ne sert pas plutôt à légitimer un contrôle accru sur la population sous prétexte de sécurité.

Des études montrent que les systèmes d’identification biométrique peuvent avoir des conséquences néfastes sur la société. Par exemple, un rapport de 2020 de l’organisation Privacy International indique que la biométrie peut exacerber les inégalités et renforcer les systèmes de discrimination. De plus, des incidents de fuites de données personnelles dans des systèmes biométriques ont été documentés, mettant en lumière les risques associés à la centralisation de ces informations. Ces éléments soulignent l’importance d’une réflexion critique sur l’implémentation de la CIB-AES au Burkina Faso.

La récente introduction de la CIB-AES, bien qu’elle soit présentée comme un avancement technologique, soulève des préoccupations légitimes concernant le contrôle gouvernemental et la protection des droits individuels. Les risques associés à l’utilisation de la biométrie comme outil de surveillance et d’oppression ne doivent pas être sous-estimés. Il est essentiel d’examiner attentivement les implications de cette initiative et de garantir que la sécurité ne soit pas utilisée comme prétexte pour restreindre les libertés fondamentales des citoyens.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Idriss Coulibaly.
Mis en ligne : 21/12/2025

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