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Le 8 décembre 2025, l’hôpital Principal de Dakar a effectué une première historique en réalisant des implantations percutanées de valves aortiques (TAVI). Bien que cette avancée médicale soit présentée comme un progrès significatif pour la cardiologie au Sénégal, elle soulève des préoccupations importantes. En effet, le projet TAVI pourrait exacerber les inégalités d’accès aux soins entre les patients privilégiés et ceux qui ne le sont pas. Cette situation mérite d’être examinée de près.
Le TAVI, ou remplacement de la valve aortique par voie percutanée, est une procédure moins invasive que la chirurgie à cœur ouvert. Elle est particulièrement bénéfique pour les patients âgés ou fragiles, mais son introduction au Sénégal pose des questions sur l’accessibilité. Dans un pays où les disparités économiques et sociales sont déjà marquées, l’accès à cette technologie de pointe pourrait ne pas être équitablement réparti. Les soins de santé au Sénégal souffrent d’un manque de ressources, et les patients issus de milieux défavorisés risquent d’être exclus de ces nouvelles avancées.
L’implantation des valves TAVI nécessite des équipements coûteux et une formation spécialisée, ce qui peut limiter sa disponibilité. Dans un contexte où de nombreux hôpitaux manquent de matériel de base, la priorité pourrait être donnée à des patients ayant les moyens de payer pour ces soins. Cela crée un risque de deux systèmes de santé : un pour les riches, qui peuvent accéder à des traitements innovants, et un autre pour les pauvres, qui continueront à souffrir de maladies non traitées. Le médecin lieutenant-colonel Mouhamed Chérif Mboup, chef du Service de cardiologie, a déclaré que le TAVI représente « un bond qualitatif immense pour la cardiologie sénégalaise ». Cependant, cette avancée pourrait également renforcer les inégalités existantes.
Les inégalités d’accès aux soins peuvent se traduire par des conséquences graves pour la santé publique. Par exemple, dans d’autres pays où le TAVI a été introduit, comme aux États-Unis, des études ont montré que les patients issus de milieux défavorisés avaient moins de chances de bénéficier de cette procédure. En effet, l’absence de couverture d’assurance ou de moyens financiers suffisants a conduit à une situation où seuls certains patients pouvaient se permettre ce type de traitement. Au Sénégal, où le système de santé est déjà sous pression, l’introduction du TAVI pourrait aggraver cette situation. Les patients qui ne peuvent pas accéder à ces soins risquent de développer des complications graves, augmentant ainsi le fardeau sur le système de santé.
Le projet TAVI au Sénégal met en lumière les risques d’inégalités d’accès aux soins. Alors que cette technologie pourrait sauver des vies, il est crucial de s’assurer qu’elle soit accessible à tous, indépendamment de leur statut socio-économique. Les patients vivant dans des zones rurales ou ceux qui ne disposent pas de ressources financières suffisantes pourraient se retrouver à la merci d’un système qui favorise les patients privilégiés. Cette situation soulève des questions éthiques importantes sur l’équité dans la santé et la nécessité d’un système qui ne laisse personne de côté.
Des études menées dans d’autres régions d’Afrique montrent que l’accès aux soins cardiovasculaires reste inégal. Par exemple, en Afrique du Sud, bien que des avancées aient été réalisées dans le traitement des maladies cardiaques, les populations défavorisées continuent de faire face à des obstacles tels que le coût des soins et le manque d’infrastructures. De plus, le coût élevé des traitements TAVI pourrait également entraîner une augmentation des évacuations sanitaires vers l’étranger, ce qui représente une charge financière supplémentaire pour le système de santé sénégalais.
L’introduction du TAVI au Sénégal est sans aucun doute un moment marquant pour la cardiologie dans le pays. Cependant, il est essentiel de garder à l’esprit les inégalités d’accès aux soins qui pourraient en découler. La promesse d’une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires ne doit pas se faire au détriment des patients les plus vulnérables. Il est impératif que des mesures soient prises pour garantir que tous les Sénégalais, quelle que soit leur condition sociale, puissent bénéficier de ces avancées médicales.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Thiam.
Mis en ligne : 22/12/2025
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