Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
L’intervention militaire de la Cédéao au Bénin, déclenchée par une tentative de coup d’État, révèle une facette troublante de cette organisation régionale. Plutôt que de se concentrer sur la stabilité de la région, la Cédéao semble davantage préoccupée par son image et sa crédibilité. Dans un contexte où la sécurité est en jeu, cette attitude pose question. La rapidité de l’intervention, bien que saluée, cache des motivations bien plus complexes.
Le 7 décembre, alors que les premiers coups de feu retentissent à Cotonou, le gouvernement béninois se tourne vers ses voisins, le Nigeria et la Côte d’Ivoire, pour obtenir de l’aide. Cette demande d’assistance n’est pas simplement une réaction face à une crise, mais un reflet des dynamiques de pouvoir en Afrique de l’Ouest. La Cédéao, en tant qu’organisation chargée de maintenir la paix et la sécurité, se retrouve à un carrefour. Les chefs d’État se réunissent en urgence, mais il est évident que la précipitation de leur réponse n’est pas uniquement dictée par un souci de sécurité, mais par la nécessité de préserver leur propre image sur la scène internationale.
L’intervention militaire, orchestrée par des pays comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire, et d’autres, ne fait qu’effleurer les véritables enjeux. La Cédéao, en réagissant aussi rapidement, montre qu’elle craint plus que tout l’effritement de sa crédibilité. Comme l’a souligné le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, « C’est une question de crédibilité. » Mais cette préoccupation pour l’image ne doit-elle pas être mise en balance avec la réalité sur le terrain ? La stabilité du Bénin et, par extension, de la région, devrait primer sur des considérations d’image.
Derrière cette intervention se cache une volonté de montrer une force qui, en réalité, est souvent absente. La Cédéao a échoué à résoudre des crises passées, comme au Mali ou au Burkina Faso, où les interventions se sont révélées inefficaces. En se précipitant à Cotonou, l’organisation ne fait que masquer ses faiblesses. De plus, le soutien français, principalement en matière de renseignement, soulève des questions sur la souveraineté de la région. La dépendance vis-à-vis d’une ancienne puissance coloniale pour des opérations militaires n’est pas seulement une faiblesse, c’est un aveu d’impuissance.
Il est frappant de constater que la Cédéao, en agissant, ne fait que renforcer l’idée qu’elle est plus soucieuse de son image que de la stabilité réelle. Loin d’être un acteur neutre, elle s’inscrit dans une dynamique où l’image prime sur l’efficacité. Les dirigeants de la région semblent plus préoccupés par les réactions internationales que par les véritables besoins des populations. Cette obsession pour l’image pourrait bien se retourner contre eux, si la situation au Bénin venait à se détériorer malgré leur intervention.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les interventions militaires de la Cédéao dans le passé ont souvent abouti à des résultats mitigés. En 2021, l’organisation a été critiquée pour son incapacité à gérer la crise au Mali, où les coups d’État se sont succédé sans que la Cédéao ne parvienne à imposer un ordre durable. Si l’on considère que la stabilité régionale est un objectif, alors la stratégie actuelle de la Cédéao semble vouée à l’échec. La dépendance à l’égard de soutien extérieur, comme celui de la France, ne fait qu’accentuer cette critique.
L’intervention rapide de la Cédéao au Bénin, bien qu’elle puisse sembler positive en surface, révèle une organisation davantage préoccupée par son image que par la stabilité de la région. Les enjeux de crédibilité l’emportent sur des considérations réelles de sécurité. Si la Cédéao ne change pas de cap, elle risque de devenir un acteur de plus en plus marginalisé, incapable de répondre aux véritables défis qui se posent à l’Afrique de l’Ouest.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Sadio Fall.
Mis en ligne : 25/12/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
