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L’atterrissage d’un avion militaire nigérian au Burkina Faso a suscité une réaction vive de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui parle de violation de son espace aérien et de sa souveraineté. Pourtant, à y regarder de plus près, cette réaction semble disproportionnée, comme si l’AES cherchait à capitaliser sur cet incident pour renforcer sa légitimité politique. En effet, à travers cette dénonciation, l’organisation met en avant des enjeux qui pourraient davantage servir ses intérêts que ceux de la sécurité régionale.
Le 8 décembre 2025, un C-130 de l’armée de l’air nigériane a dû atterrir en urgence à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, en raison d’un problème technique. L’incident, qui a impliqué un équipage de onze personnes, a été qualifié par l’AES de violation manifeste de son espace aérien. L’armée nigériane, de son côté, a expliqué que cet atterrissage était conforme aux normes de sécurité internationales. Dans un climat déjà tendu en Afrique de l’Ouest, avec des événements récents tels qu’une tentative de coup d’État au Bénin, la réaction de l’AES soulève des questions sur la véritable gravité de la situation.
L’AES a rapidement ouvert une enquête, mettant en lumière l’absence d’autorisation de survol. Ce constat, bien qu’important, semble être utilisé comme un prétexte pour renforcer la position de l’organisation sur la scène régionale. En dénonçant cet acte comme une agression, l’AES cherche à galvaniser l’opinion publique et à se positionner comme le garant de la sécurité au Sahel. Pourtant, la réalité des faits montre que l’incident était avant tout une question technique, et non un acte de provocation délibéré. L’armée nigériane a assuré que l’équipage avait été accueilli avec bienveillance par les autorités locales, ce qui contredit l’idée d’une crise majeure.
L’un des principaux arguments avancés par l’AES repose sur la nécessité de défendre la souveraineté de ses États membres. Cependant, cette position peut être perçue comme une exagération, surtout lorsque l’on considère que l’incident a été traité de manière professionnelle par l’armée nigériane. En effet, la déclaration de l’AES, qui évoque la mise en alerte maximale des défenses aériennes, semble disproportionnée par rapport à la situation. Cette réaction pourrait être interprétée comme une tentative de détourner l’attention des véritables défis auxquels l’AES est confrontée, notamment la lutte contre le terrorisme et l’instabilité politique dans la région.
L’AES semble ainsi exploiter cet incident pour renforcer sa légitimité face à des États membres qui pourraient douter de son efficacité. En jouant sur les peurs liées à la sécurité, l’AES s’érige en défenseur de la souveraineté, alors qu’il s’agit d’un simple incident technique. En comparaison, des situations similaires dans d’autres régions, comme les incursions d’avions militaires dans l’espace aérien d’États voisins, sont souvent réglées par le dialogue et la coopération, plutôt que par des déclarations alarmistes. Cette approche pourrait renforcer l’idée que l’AES cherche davantage à s’affirmer qu’à garantir la stabilité régionale.
Des incidents de ce type ne sont pas rares dans le contexte international. Par exemple, des avions militaires américains ont également dû atterrir d’urgence dans divers pays sans provoquer de tensions diplomatiques majeures. L’absence de conflit ouvert dans ces cas souligne que la gestion des crises aériennes repose souvent sur la coopération et la communication, plutôt que sur des accusations de violation de souveraineté. En outre, l’AES doit faire face à des défis internes, tels que la montée du terrorisme et la gestion des crises politiques, qui nécessitent une attention plus soutenue que des incidents isolés.
La réaction de l’AES à l’atterrissage de l’avion militaire nigérian semble davantage motivée par un besoin de légitimation politique qu’une réelle préoccupation pour la sécurité régionale. En amplifiant la gravité de cet incident, l’AES risque de détourner l’attention des véritables enjeux auxquels elle doit faire face. Cette stratégie pourrait s’avérer contre-productive, en fragilisant davantage la confiance des populations envers une organisation qui devrait avant tout œuvrer pour la stabilité et la coopération au Sahel.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : François Sarr.
Mis en ligne : 26/12/2025
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