Quand l'océan devient l'ultime espoir des jeunes : « Barsa wala barsakh »
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Adama Sow | Publié le 07/10/2024 08:10:00

Quand l'océan devient l'ultime espoir des jeunes : « Barsa wala barsakh »

Malgré les dangers de l’océan, des milliers de jeunes Sénégalais continuent de risquer leur vie pour rejoindre l’Europe. La pauvreté et l’absence d’opportunités locales les poussent à emprunter la route la plus meurtrière du monde.

Cette situation dramatique nécessite une action urgente et radicale des gouvernements sénégalais et européens.

Chaque année, des milliers de jeunes Sénégalais prennent la mer, prêts à tout pour atteindre l’Europe. Leur devise, « Barsa wala Barsakh », reflète cette décision radicale : Barcelone ou la mort. Pourtant, l’Atlantique, avec ses vagues traîtresses et ses courants imprévisibles, est l’une des routes migratoires les plus meurtrières du monde. Le nombre de naufrages ne cesse de croître, mais cela ne freine pas leur volonté de fuir une réalité locale désespérée.

Les raisons de ce phénomène sont multiples, mais le facteur principal reste l’absence d’opportunités économiques. Pour beaucoup, rester au pays équivaut à une condamnation à la pauvreté. Le chômage massif et l’inefficacité des politiques publiques en matière d’emploi poussent ces jeunes à tenter l’aventure, coûte que coûte. Ils sont souvent convaincus que l’Europe représente leur seul espoir d’une vie meilleure.

Les gouvernements africains et européens sont pourtant conscients de cette tragédie. Des accords ont été signés, comme celui entre l’Union européenne et la Mauritanie pour freiner les départs. Mais ces mesures se révèlent inefficaces, car elles n’attaquent pas la racine du problème : l’absence de perspectives locales. Plutôt que de miser uniquement sur des accords répressifs, les gouvernements devraient chercher à offrir de réelles solutions économiques pour dissuader cette fuite tragique.

Les initiatives locales restent trop rares et sous-financées. Les quelques projets d’insertion professionnelle destinés à la jeunesse sénégalaise sont souvent mal coordonnés, limités en portée et inadaptés aux réalités du marché du travail. Les jeunes, lassés de promesses sans lendemain, n’ont plus confiance en ces dispositifs. Ils préfèrent risquer leur vie pour un futur incertain en Europe, plutôt que de rester piégés dans un cercle de pauvreté au Sénégal.

Le drame récent, où 39 personnes ont péri au large de Mbour, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce n’est pas seulement une crise humanitaire, mais une véritable crise de gouvernance. Comment peut-on accepter que des jeunes, souvent brillants et ambitieux, se sentent condamnés à l’exil ou à la mort faute de mieux ? L’Europe doit également reconnaître sa part de responsabilité. En fermant ses frontières et en externalisant la gestion de la migration vers des pays comme le Sénégal ou la Mauritanie, elle ignore la dimension humaine de cette crise.

Pourtant, des solutions existent. Il est impératif de créer des programmes d’investissement ciblés dans les secteurs porteurs du Sénégal, comme l’agriculture, le numérique ou encore le tourisme. L’accompagnement des jeunes entrepreneurs pourrait également créer un dynamisme économique et leur permettre de contribuer au développement de leur pays, au lieu de le quitter.

L’Europe, de son côté, pourrait faciliter l’immigration légale et encourager des partenariats professionnels bilatéraux. Ces échanges permettraient à des travailleurs qualifiés de venir temporairement en Europe, tout en garantissant un retour et une réinsertion réussis dans leurs pays d’origine. Cette mobilité contrôlée et temporaire offrirait une alternative légale à l’émigration clandestine, tout en renforçant les compétences des jeunes Africains.

Mais au-delà des programmes économiques, il faut s’attaquer à la perception de l’Europe comme un Eldorado inatteignable. Le mythe de l’Occident, où tout serait possible, persiste malgré les échecs et les tragédies. Une campagne de sensibilisation massive, tant au Sénégal qu’en Europe, pourrait déconstruire cette image faussée. Les jeunes doivent comprendre que l’Europe, bien que porteuse d’opportunités, n’est pas toujours la solution à leurs problèmes.

Le Sénégal ne peut pas se permettre de perdre ses forces vives. Ces jeunes représentent l’avenir du pays. En les laissant périr en mer ou sombrer dans l’oubli de l’émigration, c’est l’avenir même du Sénégal qui est sacrifié.

Aujourd’hui, il est temps de repenser la question migratoire sous un angle nouveau. Plutôt que de se concentrer sur les moyens de limiter les départs, il est urgent de travailler sur les causes profondes qui poussent ces jeunes à partir. L’émigration clandestine n’est pas un choix, c’est une fuite. Offrir des solutions concrètes, durables et dignes aux jeunes Sénégalais, voilà la véritable voie à suivre. Si rien n’est fait, l’Atlantique continuera d’être leur cimetière.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mise en ligne : 07/10/2024

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1 commentaires
Babacar
Un courage à ces jeunes qui ne cherchent que la réussite
Le 2024-10-07 12:26:27
El-HAdj
Je leur comprends mais ils ont choisi la mort dès lors que le nombre de morts est élevé
Le 2024-10-07 09:11:49

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Babacar
Un courage à ces jeunes qui ne cherchent que la réussite
Le 2024-10-07 12:26:27
El-HAdj
Je leur comprends mais ils ont choisi la mort dès lors que le nombre de morts est élevé
Le 2024-10-07 09:11:49

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