La circoncision et le culte du Kankurang, le génie protecteur des circoncis en milieu mandingue, trouvent leurs origines dans la forêt de Sama Kantintin, à l’intérieur de Saama, une province de l’empire du Gaabu située dans l’actuelle Guinée-Bissau.
Selon la légende, une femme du nom de Sona Kinty tenta de percer les secrets du Kankuran, un mythe exclusivement réservé aux hommes.
Dans le Juujuu, ou campement des circoncis, les Lammbé, ou surveillants, soupçonnèrent une présence féminine dans cet espace strictement masculin. Le Kuyan Mansa, ou chef du campement des circoncis, ordonna à tous les pensionnaires de se déshabiller, ce qu’ils acceptèrent. À la surprise générale, la dernière à se dévêtir fut Sona Kinty. Sur ordre du Kuyan Mansa, elle fut jugée et condamnée à mort. Elle fut décapitée et enterrée dans le Bois sacré de Sumakunda.
Depuis ce jour, au Gaabu, aucune femme n’a le droit de s’approcher du Kankurang, encore moins de pénétrer dans le Juujuu ou campement des circoncis.
Un jour, toujours selon la légende, le Nfambondy fut surpris par sa sœur alors qu’il se transformait en une force surnaturelle. Face à la gravité de la situation et à l’obligation de préserver le secret du Nfambondy, il prit un coupe-coupe et décapita sans hésiter sa propre sœur au nom de la tradition liée à ce génie protecteur.
Depuis ce jour, le Nfambondy et le Kankurang se déplacent toujours armés de leurs deux coupe-coupes. Il faut noter que le cri du Nfambondy est imité par les Kankurang. On rapporte qu’il survolait l’espace tel une hirondelle. La mission du Kankurang était de veiller à la sécurité des circoncis et d’éloigner du campement toutes les forces maléfiques et les mauvais esprits.
Aujourd’hui, le Kankurang, ce génie protecteur fait de fibres d’écorce rouge appelées Faara en mandingue, et appartenant au rite secret de la circoncision en milieu mandingue, se retrouve principalement en Guinée-Bissau, en Gambie, en Casamance et dans la ville touristique de Mbour, au nord du Sénégal. Le Kankurang joue un rôle de protection des circoncis en s’appuyant sur la préservation des valeurs ancestrales négro-africaines.
Toutefois, il est aujourd’hui confronté à une dimension populaire et folklorique qui risque de le détourner de sa fonction de gardien de la culture ancestrale mandingue. En 2005, le Kankurang a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Le Kankurang demeure le génie initiatique le plus populaire en Guinée-Bissau, en Gambie et en Casamance. Pendant la circoncision, toutes les communautés casamançaises (Baïnounks, Mandingues, Peuls, Wolofs, Diolas, Balantes, Mandjaques, Mancagnes, etc.) pratiquent ce rite initiatique pour assurer la protection mystique de leurs circoncis. Toutefois, le Kankurang doit conserver sa dimension magique en restant fidèle aux valeurs ancestrales de la culture mandingue du Gaabu, tout en étant ouvert à la modernité. C’est dans ce sens que le poète-président Senghor parlait d’« Enracinement et d’Ouverture » au monde extérieur.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malimaram Ndoye
Mise en ligne : 08/10/2024
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