Depuis une semaine, les arrestations et les polémiques se multiplient dans la ville brésilienne de Rio de Janeiro, où six personnes ont reçu des transplantations d’organes infectés par le VIH, le virus du sida.
Depuis la révélation de l’affaire, le vendredi 11 octobre, une enquête a été ouverte et quatre suspects ont déjà été arrêtés. Les autorités pointent du doigt un petit laboratoire privé qui aurait réduit volontairement ses contrôles pour augmenter ses profits.
C’est le résultat d’une série d’erreurs et de la recherche du profit aux dépens des patients, selon la police. Le laboratoire privé de Saleme, situé dans la banlieue de Rio de Janeiro, est sous contrat avec le système de santé public de la ville de Rio. Ce contrat de onze millions de réais, soit deux millions d’euros, a été signé pour effectuer des tests sérologiques pré-transplantation, rapporte notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino.
La police pointe des failles dans le contrôle de qualité de l’agent réactif aux tests du virus du Sida. Le contrôle, qui doit normalement se faire quotidiennement, avait volontairement été réduit à un contrôle hebdomadaire dans l’objectif d’économiser de l’argent.
Il y a aussi des incohérences entre les signatures présentes sur les résultats des examens, tamponnés avec le numéro de matricule d’autres médecins.
Les six receveurs ont été infectés par deux donneurs : il s’agissait de la transplantation d’un cœur et deux reins pour le premier donneur, et d’un foie et deux reins pour le second.
C’est la première fois qu’une erreur de ce type se produit au Brésil. Les autorités ont ordonné la suspension du laboratoire PCS Lab Saleme et la ville de Rio a créé un centre d’urgence spécialisé dans le suivi de transplantations. Les 288 donateurs qui avaient réalisé leurs tests de dépistage dans le laboratoire entre décembre 2023 et septembre 2024 seront à nouveau testés.
Le ministère a également ordonné un « audit urgent (…) du système de transplantation de Rio de Janeiro ». Le cas a été découvert le 10 septembre, lorsqu’un patient ayant subi une transplantation cardiaque, qui n’était pas séropositif avant l’opération, s’est présenté à l’hôpital avec des symptômes neurologiques et a été testé positif au virus, selon les médias locaux.
Deux autres patients ont reçu des dons de cornée des donateurs séropositifs, mais n’ont pas été infectés par le VIH, selon les médias locaux.
Le laboratoire est accusé d’avoir émis des rapports faussement négatifs sur le VIH, ce qui a entraîné la contamination de six patients transplantés dans l’État. La police soupçonne le groupe d’avoir falsifié des rapports dans d’autres cas.
Le scandale a également des parfums de népotisme, selon les informations du quotidien brésilien Folha de São Paulo. L’un des actionnaires du laboratoire mis en cause est le cousin de Dr Luizinho, qui a été conseiller régional chargé de la Santé de janvier à septembre 2023. Un autre actionnaire est, lui, marié à la tante de ce même responsable politique, aujourd’hui député à Brasilia.
Selon le quotidien, le laboratoire avait déjà été accusé des mêmes faits par le passé.
Entre 2007 et juin 2023, près d’un demi-million de Brésiliens ont été infectés par le VIH, selon le dernier bulletin du Ministère de la Santé.
Article écrit par : Pathé Ndiaye
Mise en ligne : 19/10/2024
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