Depuis la chute de Goma aux mains du M23 et de ses alliés rwandais à la fin janvier, la capitale du Nord-Kivu se trouve dans une impasse économique et sociale. L’aéroport demeure inopérant, privant la ville de ses approvisionnements essentiels, tandis que le système bancaire est à l’arrêt, rendant toute transaction financière impossible.
Selon l’envoyé spécial du Monde Afrique, « les affrontements ont cessé, mais la situation reste bloquée. La guerre s’est déplacée vers les hauts plateaux d’Uvira, mais la paix n’est pas pour autant revenue à Goma ». Dans le marché de Birere, commerçants et habitants subissent de plein fouet l’absence de clients et de liquidités.
Outre la paralysie économique, c’est un climat d’incertitude qui règne. « On ne sait pas qui prend les décisions : les militaires rwandais, le M23 ou les politiques de l’Alliance du Fleuve Congo de Corneille Nangaa ? » s’interroge un activiste de la société civile. La nuit, des tirs sporadiques retentissent, renforçant la peur d’une insécurité persistante.
Ce mardi, des discussions de paix sont prévues à Luanda, mais la confiance entre les parties est quasi inexistante. Kinshasa a confirmé l’envoi d’une délégation, sans pour autant garantir une rencontre directe avec les représentants du M23.
Dans une déclaration relayée par Jeune Afrique, le mouvement rebelle accuse le gouvernement congolais de multiplier les frappes aériennes sur des zones peuplées. « Cette escalade meurtrière prouve la volonté de Kinshasa de saboter le dialogue », affirme Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23 et de l’AFC.
La médiation angolaise, sous l’égide du président João Lourenço, a appelé à un cessez-le-feu, mais aucun des protagonistes n’a encore répondu favorablement à cet appel. Sur le terrain, les hostilités persistent. Actualité CD rapporte des affrontements entre les combattants Wazalendo et le M23 à Cirunga, ainsi que la chute de Kashebere aux mains des rebelles.
Selon Afrikarabia, les négociations de Luanda se feront sous un équilibre des forces largement favorable au M23 et à son allié rwandais. Les avancées militaires du mouvement rebelle, conjuguées à la faible résistance de l’armée congolaise, laissent peu de marge de manœuvre à Kinshasa.
L’analyse d’Afrik.com met en lumière un moment crucial pour la RDC. La position du Rwanda, accusé de soutenir le M23, reste déterminante dans l’issue de cette crise. « Le gouvernement congolais devra jongler entre les revendications locales, les impératifs diplomatiques et les réalités militaires », prévient le média. Ce qui se décidera à Luanda pourrait bien façonner l’avenir de l’Est congolais pour les années à venir.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 17/03/2025
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