La filière anacarde en Casamance représente une véritable opportunité économique pour les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. À l’approche de la campagne 2025, les acteurs locaux redoublent d’efforts pour structurer un secteur en pleine croissance.
Pourtant, malgré les atouts naturels et humains de la région, la Casamance reste dépendante des dynamiques de prix imposées par la Guinée-Bissau, compromettant ainsi sa souveraineté économique. Il est temps que le Sénégal affirme sa propre stratégie de valorisation de l’anacarde.
Le cœur du problème réside dans la faiblesse de la production locale. Les terres sont sous-exploitées, les rendements stagnent et les producteurs manquent d’encadrement technique. Sans amélioration notable, toute ambition d’autonomie ou de compétitivité restera vaine. Des structures comme l’ISRA ou l’Agropole Sud jouent un rôle crucial, mais elles ne peuvent réussir sans une implication renforcée de l’État et des collectivités territoriales pour soutenir les producteurs à la base.
Exporter massivement des noix brutes, sans transformation locale, c’est céder la plus grande part de la valeur ajoutée à d’autres pays. Aujourd’hui, moins de 1 % de la production est transformée en Casamance. Une absurdité économique, qui prive la région de milliers d’emplois potentiels. La relance des unités locales, aujourd’hui à l’arrêt, nécessite des investissements ciblés, mais surtout une vision claire et volontariste de politique industrielle. Valoriser sur place, c’est aussi stabiliser le marché et renforcer l’autonomie des acteurs locaux.
Le système de récépissé d’entrepôt pourrait bien changer la donne. En permettant aux producteurs de stocker leurs récoltes dans de bonnes conditions et d’accéder au financement, il met fin à la vente précipitée à vil prix. L’initiative portée par Lifft-Cashew et l’ORSRE mérite d’être renforcée et déployée à plus grande échelle. Sa numérisation, prévue en 2025, est une étape cruciale vers plus de transparence, de sécurité et de confiance pour les producteurs et les institutions financières.
Il ne fait aucun doute que la transformation locale est le levier le plus puissant pour faire de l’anacarde un moteur de développement régional. Cela exige une mobilisation collective : producteurs, transformateurs, élus, État, banques et partenaires techniques doivent travailler ensemble pour bâtir une filière résiliente et inclusive. La Casamance a les moyens de devenir un pôle agro-industriel majeur. Encore faut-il oser investir et croire en son propre potentiel.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Diallo.
Mis en ligne : 11/04/2025
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