Trois chefs d’accusation contre un journaliste : Répression de la presse au Mali - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 11/04/2025 11:04:13

Trois chefs d’accusation contre un journaliste : Répression de la presse au Mali

Le 9 avril dernier, Alfousseini Togo, directeur de publication du journal Canard de la Venise, a été arrêté et placé sous mandat de dépôt par le pôle judiciaire anti-cybercriminalité à Bamako.

Cette arrestation survient suite à la publication le 8 avril de son article intitulé « La bourde du ministre Mamoudou Kassogué », qui fait référence à des propos tenus par le ministre malien de la Justice dans le cadre d’une déclaration sur l’indice de confiance des Maliens dans leur système judiciaire.

Le ministre Mamoudou Kassogué avait affirmé, lors d’une allocution le 20 mars, que la confiance des Maliens dans la justice avait bondi de 30 % à 72 % en 2024. Une déclaration qui a suscité une vive polémique, Alfousseini Togo en profitant pour critiquer ces chiffres, qu’il juge « non fiables ». Dans son article, le journaliste dénonce un système judiciaire qu’il qualifie souvent de corrompu et d’injuste, particulièrement sous la transition actuelle.

Il interroge : « Sous Mamoudou Kassogué, les hommes ont-ils des droits ? Combien de Maliens sont en prison sans procès ? Combien de leaders sont en exil ? » Ces critiques acerbes lui ont valu des accusations d’« atteinte au crédit de l’État », d’« injures » et de « diffamation ».

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L’arrestation de Togo intervient dans un climat tendu, où plusieurs personnalités de la société civile et de la politique ont été récemment condamnées à des peines de prison ferme pour avoir exprimé des opinions divergentes. Cette tendance inquiète les défenseurs des droits humains, qui dénoncent une répression systématique des voix critiques. Parmi les figures réprimées figurent des noms bien connus comme Ras Bath, Rose Vie Chère et Clément Dembélé.

L’Union nationale des jeunes éditeurs de presse du Mali (Unajep), dont Alfousseini Togo est membre, a exprimé sa solidarité en condamnant son emprisonnement, qu’elle considère comme une atteinte à la liberté d’expression. « Il se porte bien et affiche un moral d’acier », a déclaré Albadia Dicko, président de l’Unajep, après une visite à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.

La Maison de la presse, représentant l’ensemble des journalistes du pays, a également dénoncé l’action du pôle judiciaire anti-cybercriminalité, pointant son rôle prépondérant dans la répression des journalistes. Selon une source proche de l’organisation, les propos du journaliste sur la justice malienne reflètent une réalité vécue quotidiennement par les citoyens.

L’ONG Reporters sans frontières a également dénoncé ce qu’elle considère comme une « détention abusive » et a exigé la libération immédiate du journaliste. « Les charges sont disproportionnées et floues », a estimé le directeur Afrique de l’ONG, Sadibou Marong, ajoutant que cette arrestation témoigne de la répression croissante de la liberté de la presse au Mali.

Face à cette situation, une conférence de presse est prévue ce vendredi après-midi à la Maison de la presse de Bamako, où les organisations de journalistes du pays comptent bien se faire entendre.

Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 11/04/2025

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Adama_Fall
Le combat pour la liberté d'expression au Mali devient de plus en plus risqué. Un journaliste emprisonné pour avoir simplement critiqué une déclaration officielle, c’est inacceptable ! La liberté de la presse est sacrée.
Le 2025-04-11 17:22:30

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Adama_Fall
Le combat pour la liberté d'expression au Mali devient de plus en plus risqué. Un journaliste emprisonné pour avoir simplement critiqué une déclaration officielle, c’est inacceptable ! La liberté de la presse est sacrée.
Le 2025-04-11 17:22:30

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