« Donald Trump bombe le torse », titre le site congolais Objectif Infos, après l’annonce, vendredi à Washington, de la signature d’une déclaration de principe jetant les bases d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.
Le président américain n’a pas tardé à saluer « une victoire sans précédent », revendiquant une réussite que son prédécesseur, Joe Biden, n’aurait pas su obtenir en deux ans de mandat, souligne le média congolais.
Dans le document publié par le département d’État américain, Kinshasa et Kigali s’engagent à respecter la souveraineté et les frontières reconnues, à promouvoir l’intégration économique régionale – notamment par une plus grande transparence dans les chaînes d’approvisionnement des minerais stratégiques – et à faciliter le retour des réfugiés et des déplacés internes.
Pour Afrikarabia, spécialiste de la région, la manœuvre américaine est claire : en quête d’un succès diplomatique rapide, alors que les fronts ukrainien et gazaoui restent délicats, Donald Trump s’est tourné vers le conflit congolais. L’envoyé spécial Massad Boulos, dépêché successivement à Kinshasa et Kigali, a entériné une position américaine qui, malgré des différences de forme, reste proche de celle de l’administration Biden. Premier effet tangible : le retrait du M23 de la région de Walikale, où se situe la mine d’étain de Bisie, exploitée par Alphamin, une société à capitaux majoritairement américains.
Mais derrière cette percée diplomatique, c’est aussi une opération économique qui se profile. « Dans ce deal entre États, ce sera business contre territoires », observe Afrikarabia, notant que les autorités américaines et les entreprises privées sont parties prenantes aux négociations.
L’enjeu est de taille : cobalt, coltan, lithium… Les sous-sols congolais recèlent des trésors indispensables à la transition énergétique mondiale. L’Observateur Paalga (Ouagadougou) rappelle qu’un accord parallèle entre la RDC et les États-Unis est en cours de négociation pour garantir aux entreprises américaines un accès privilégié à ces ressources, en échange d’une assistance sécuritaire contre les groupes armés. « Donald Trump se fait d’abord le VRP des sociétés américaines », commente le journal, ajoutant que le Rwanda, également impliqué, devrait percevoir sa part des richesses minières.
Un constat que partage Ledjely en Guinée, qui voit dans cette dynamique une opportunité : « Peut-être qu’enfin, les mines congolaises vont servir à quelque chose d’utile pour tout le monde ! » L’accord de paix en cours pourrait donc, sous la houlette américaine, ouvrir une ère nouvelle pour les provinces dévastées du Nord et du Sud-Kivu.
Reste une ombre au tableau : l’absence quasi-totale de l’Afrique dans ce processus. Ledjely regrette que les initiatives africaines, qu’elles viennent de Luanda ou de Nairobi, n’aient pas réussi à imposer un règlement durable. Le Pays (Burkina Faso) enfonce le clou : « Washington engrange des points là où les organisations africaines sous-régionales, comme la Sadec ou la CEAC, ont échoué ». Certes, quelques cessez-le-feu ont été négociés sous l’égide du président angolais Joao Lourenço, mais ils n’ont jamais tenu.
« Preuve, conclut Le Pays, que l’Afrique peine toujours à trouver elle-même des solutions à ses propres problèmes. »
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 28/04/2025
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