Il fut un temps où l’on espérait que le changement politique enclenché en avril 2024 apporterait soulagement et justice aux victimes des répressions sanglantes des années précédentes. Mais très vite, cette lueur d’espoir a laissé place à la désillusion. Le ministère de la Famille et de la Solidarité sociale, dirigé par Madame Maïmouna Dièye, est aujourd’hui le symbole d’un échec cuisant, d’une administration en roue libre, incapable d’assumer sa mission la plus élémentaire : assister dignement les victimes des manifestations politiques.
Depuis sa nomination, les inquiétudes étaient vives quant à sa capacité à gérer ce portefeuille hautement sensible. Hélas, les faits nous donnent tristement raison.
Des chiffres manipulés pour dissimuler une réalité douloureuse
Premier scandale : les chiffres officiels. Selon Madame Dièye, il y aurait 2179 victimes, dont 55 morts, 251 blessés et 1879 prisonniers. Ces données sont en totale contradiction avec les bases sérieuses établies depuis février 2021, qui font état de 86 morts, 283 blessés, et 2036 détenus. Pire encore, lorsqu’interpellée sur ces écarts, elle a osé affirmer que ces chiffres venaient de l’ANSD, un organisme qui rappelons-le n’a jamais effectué de recensement terrain sur les victimes des manifestations.
Ce n’est pas une erreur. C’est une tentative de camouflage. Une réécriture honteuse de l’histoire récente de notre pays.
Une prise en charge tragiquement absente
Mais au-delà des chiffres, ce sont des vies humaines qui continuent d’être brisées. Faute d’assistance, deux blessés graves ont succombé à leurs blessures. Le dernier en date, Idrissa Diatta, est mort en Casamance il y a quelques jours. Non pas à cause d’une balle seulement, mais à cause d’un État qui, par l’incompétence de ses représentants, a refusé de prendre ses responsabilités. Pendant ce temps, des dizaines de blessés continuent de souffrir en silence, abandonnés, oubliés, livrés à leur sort.
Une gestion chaotique des fonds de réparation
Et que dire du fonds d’accompagnement de 5 milliards de FCFA promis par le président Diomaye Faye ? Annoncé en grande pompe en janvier 2025, il devait permettre d’apporter un minimum de réparation à ceux qui ont tout perdu. Mais trois mois plus tard, seulement 600 victimes ont été indemnisées sur 1879. Pire encore, sur les 55 familles endeuillées, seules 5 ont perçu l’aide promise. À Ziguinchor, Tambacounda, Diourbel, Kaolack ou Kédougou, des centaines de victimes n’ont ni été recensées ni assistées.
L’argent est là. Les victimes sont là. Ce qui manque, c’est la compétence, la volonté politique et le respect de la souffrance humaine.
Un ministère dans le flou, entre improvisation et désorganisation
Chaque semaine, les méthodes de paiement changent, les promesses se multiplient, mais sur le terrain, rien ne bouge. Ce tâtonnement permanent trahit une absence de vision, de rigueur et de sérieux. Comment peut-on se montrer aussi désinvolte face à des familles qui attendent depuis des mois une reconnaissance, une justice, un geste de l’État ?
Ce ministère est devenu le théâtre d’un mépris organisé. Un mépris envers les morts, les blessés, les emprisonnés. Un mépris envers la dignité humaine.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Gueye.
Mis en ligne : 03/05/2025
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