La disparition de Mademba Ass Diack, frère cadet du président Lamine Diack, ce mardi 15 juillet, à l’âge de 90 ans, laisse un vide immense dans le paysage du football sénégalais. Ancien gardien de but du Foyer France-Sénégal et pilier de l’école Médine, il a consacré sa vie à former, encadrer, transmettre.
Des légendes comme Cheikh Seck, Pape Bouba Diop ou Henri Camara sont passées entre ses mains. Mais au-delà de l’hommage légitime à l’homme, un regard critique s’impose, sans complaisance : qu’avons-nous fait de son héritage ?
Dans les années 1970 à 1990, les quartiers comme Médina et des clubs tels que le Jaraaf étaient des incubateurs de talents, des creusets de discipline, de savoir-faire et de passion. Sous l’œil rigoureux d’éducateurs comme Ass Diack, le football sénégalais ne formait pas seulement des joueurs, mais des hommes. Aujourd’hui, ces bastions de la formation sont devenus des coquilles vides. L’école Médine, naguère emblématique, n’a plus le même éclat. Quant au Jaraaf, il s’illustre davantage par des tensions internes et des résultats en berne que par sa contribution à la relève.
Il faut avoir le courage de dire les choses : la formation des jeunes au Sénégal est en pleine déliquescence. Là où jadis les éducateurs prenaient le temps de construire, de suivre, d’éduquer, on assiste désormais à un système court-termiste, obsédé par les résultats immédiats et les transferts précoces. Les clubs n’investissent plus dans l’encadrement des petites catégories. Les infrastructures sont vétustes, les éducateurs sous-payés, les jeunes livrés à eux-mêmes. On mise tout sur le « talent brut », au détriment de la technique, de la tactique, et surtout de l’éducation sportive.
Ce déclin n’est pas le fruit du hasard. Il découle d’un abandon systémique de la base. Le ministère des Sports ne joue plus son rôle de régulateur. La Fédération sénégalaise de football se gargarise des succès de l’équipe nationale A, tout en laissant mourir les structures locales. Les centres de formation privés pullulent sans aucun contrôle sérieux. Résultat : une jeunesse désorientée, exposée à toutes sortes d’abus, dans un système qui privilégie la rentabilité au détriment de l’éthique.
Pendant ce temps, des pays comme le Maroc ou le Burkina Faso investissent massivement dans la formation structurée. L’Académie Mohammed VI est un modèle du genre : détection dès le bas âge, suivi scolaire et psychologique, infrastructures de pointe. Même en Côte d’Ivoire, l’ASEC Mimosas a su maintenir une politique de formation exigeante. Au Sénégal, l’État délègue et se défausse. Le résultat est sans appel.
Pleurer Ass Diack ne suffit pas. Il faut honorer sa mémoire par des actes concrets. Réhabiliter les écoles comme Médine, restructurer les clubs formateurs, exiger des standards minimums pour tout centre accueillant des jeunes. Tant que cela ne sera pas fait, le Sénégal restera un pays de talents gâchés. Ass Diack a semé, le système a laissé pourrir la terre. Il faut relever la tête et de dire stop à cette trahison silencieuse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 21/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





