Afrikfoot nous rapporte qu’Aliou Cissé, récemment nommé sélectionneur de la Libye, menace déjà de quitter ses fonctions pour cause de salaires impayés. Un fait d’une gravité indiscutable, tant il met en lumière un problème récurrent : le mépris institutionnalisé dont sont victimes les professionnels du football africain.
Cette situation révèle un manque de respect inacceptable envers un homme dont le parcours et la rigueur professionnelle ne sont plus à prouver.
Aliou Cissé, ancien capitaine des Lions de la Téranga et sélectionneur emblématique du Sénégal pendant neuf ans, s’est illustré par sa loyauté, sa discipline et son sens du devoir. Sous sa houlette, le Sénégal a atteint des sommets historiques : finaliste de la CAN 2019, vainqueur en 2022, et une qualification pour la Coupe du monde 2022. En mars 2025, il accepte un nouveau défi en prenant les rênes de la sélection libyenne, avec l’espoir de redonner vie à une équipe en mal de stabilité. Pourtant, à peine quelques mois après sa prise de fonction, il se retrouve à devoir hausser le ton pour réclamer ce qui lui revient de droit.
Le football africain, miné par des pratiques de gestion chaotiques, continue de compromettre son développement en traitant avec désinvolture ceux qui sont censés l’élever. Comment peut-on expliquer qu’un sélectionneur de ce calibre, présenté comme le deuxième mieux payé du continent (76 000 euros mensuels), n’ait toujours pas reçu un seul centime depuis son arrivée ? Quel message cela envoie-t-il à la jeunesse africaine, aux entraîneurs aspirants, aux joueurs en devenir ? La réponse est brutale : le talent et le dévouement ne garantissent pas le respect.
Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Hervé Renard avait lui aussi dénoncé, dans le passé, les retards de paiement lors de son passage au Maroc. Claude Le Roy, autre figure du coaching africain, a maintes fois évoqué l’instabilité contractuelle chronique sur le continent. Ces situations affaiblissent la crédibilité des fédérations et sapent la motivation des techniciens. Comment espérer des résultats durables si ceux qui œuvrent à les construire sont traités avec autant de légèreté ?
Le manque de considération ne touche pas que les entraîneurs. Nombre de joueurs africains évoluant dans les championnats locaux subissent retards et non-paiements de salaires, souvent dans le silence total. Cela impacte leur moral, leur niveau de performance, et leur confiance dans les institutions sportives de leur pays. C’est tout un système qui doit être repensé.
Aliou Cissé n’a pas besoin de la Libye ; c’est la Libye qui avait besoin de lui. Le voir contraint de poser un ultimatum pour percevoir son dû est indigne. Les autorités libyennes ont jusqu’au 17 juillet pour rectifier le tir. Mais au-delà de ce cas particulier, c’est une réforme structurelle qu’il faut amorcer. Le respect des engagements contractuels doit devenir une norme et non une exception.
Il faut en finir avec cette culture de l’irresponsabilité. Le football africain doit respecter ceux qui, par leur talent et leur engagement, le portent haut. Aliou Cissé mérite mieux. Tous les professionnels du sport en Afrique méritent mieux. Que cette indignité cesse, et que le professionnalisme l’emporte enfin sur l’amateurisme.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ahmada Ndoye
Mis en ligne : 22/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





