Il n’aura suffi que d’un faux pas. Un match raté d’Ousmane Dembélé en finale de la Coupe du monde des clubs, face à Chelsea, pour que les projecteurs, hier éblouissants, deviennent soudain brûlants. Le PSG s’est incliné lourdement (3-0), et avec lui, c’est la cote de son ailier, jusque-là favori pour le Ballon d’Or 2025, qui s’est effondrée.
Les médias, fidèles à leur appétit du sensationnel, n’ont pas tardé à enterrer ses chances. Ce traitement expéditif illustre une dérive devenue trop fréquente : celle d’une presse qui juge dans l’instant et sacrifie sans nuance.
Ousmane Dembélé, longtemps moqué pour son irrégularité, avait enfin trouvé une stabilité et une efficacité avec le PSG. Artisan clé de la victoire en Ligue des champions, décisif en championnat, il semblait avoir dissipé les doutes et gagné sa place parmi les favoris légitimes pour le Ballon d’Or. Mais un match certes une finale mal négocié, et voici les voix médiatiques s’élever contre lui.
Jérôme Rothen, consultant pour RMC, n’a pas hésité à déclarer : « Est-ce qu’un Ballon d’Or rate des matchs aussi importants ? » Une sentence sans appel, qui semble oublier que même les plus grands de Messi à Cristiano Ronaldo ont connu des rendez-vous manqués.
Ce réflexe de déchéance immédiate est révélateur d’un problème plus profond : la culture du jugement à chaud. Les chaînes spécialisées, les chroniqueurs sportifs et même les bookmakers ont brutalement déclassé Dembélé. TNT Sports, par exemple, ne le place même plus sur le podium dans son dernier classement. À sa place, on retrouve Lamine Yamal (Barça), Cole Palmer (Chelsea) ou encore Vitinha (PSG). Des choix discutables, fondés davantage sur des coups d’éclat récents ou des titres collectifs que sur une régularité individuelle.
Premièrement, réduire une saison à un seul match est intellectuellement paresseux. Dembélé a été constant, impactant et décisif dans les grands rendez-vous. Ensuite, le PSG dans son ensemble a coulé. Pourquoi concentrer la critique sur un seul joueur ? Enfin, certains de ses concurrents au Ballon d’Or brillent plus par l’effet médiatique que par leur réel rendement statistique ou leur influence sur le jeu.
Cette tendance à condamner sans procès rappelle les cas passés de joueurs comme Franck Ribéry (2013) ou Lewandowski (2020), brillants toute l’année, mais privés du trophée pour des raisons souvent extra-sportives ou médiatiques.
Dembélé paie aussi le prix de son club. Le PSG, mal-aimé d’une partie de la presse européenne, traîne une image de club artificiel et bling-bling. À talent égal, jouer au Barça ou à Manchester City vous rend plus « vendable ». On glorifie un Lamine Yamal, pourtant encore vert, ou un Palmer, certes en forme, mais loin d’avoir eu l’impact de Dembélé cette saison.
Ce que subit Ousmane Dembélé illustre un phénomène inquiétant : la précipitation des médias à créer des idoles… puis à les brûler dès la première chute. Le Ballon d’Or, censé récompenser la performance sur une saison, devient un concours de perceptions fugaces. Cette logique instantanée doit être dénoncée, pour la justice du sport et pour le respect du mérite.
Le public ne doit pas se laisser dicter ses jugements par l’hystérie médiatique. Exigeons des analyses justes, exigeons que le Ballon d’Or récompense la saison et non le storytelling. Ousmane Dembélé mérite mieux qu’une exécution en direct.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cherif Seck.
Mis en ligne : 24/07/2025
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