Alors que les Lions du Sénégal s’apprêtent à reprendre les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) redouble d’efforts pour faire homologuer, dans l’urgence, le stade Léopold Sédar Senghor. Un objectif légitime en apparence, mais révélateur de dysfonctionnements dans la gestion du football sénégalais. Derrière les annonces et les visites de la CAF, se cache une réalité peu reluisante : lenteurs administratives, manque d’anticipation et pilotage approximatif.
Depuis la mise en service du stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, présenté comme le joyau du sport sénégalais, la FSF y a établi ses quartiers. Pourtant, cette modernité a un prix : près de 50 millions de FCFA par match, dont 35 millions rien que pour la location. Un coût exorbitant pour une fédération déjà confrontée à des contraintes budgétaires, et qui continue à dépendre fortement des fonds publics. Dans cette situation, le recours au stade Léopold Sédar Senghor aurait dû être anticipé bien avant, comme une alternative viable et stratégique. Au lieu de cela, l’on assiste aujourd’hui à une course contre la montre, provoquée par un manque criant de planification.
Le principal obstacle à l’homologation du stade repose désormais sur des bancs de touche. Un équipement aussi basique que crucial, mais dont l’acquisition pourrait prendre jusqu’à six mois en raison des procédures administratives. Cette absurdité bureaucratique révèle un mal endémique de notre gestion publique : la paralysie face aux urgences. Alors même que la FSF propose une solution pragmatique, financer les équipements en échange d’un remboursement progressif, il faut encore obtenir des validations, des accords ministériels, des contre-signatures, dans un ballet interminable qui tue toute efficacité.
La FSF, quant à elle, n’est pas exempte de reproches. Pourquoi attendre l’approche des échéances sportives pour initier ces démarches ? Pourquoi ne pas avoir agi dès que le stade Léopold Sédar Senghor a été rénové ? Pourquoi n’avoir pas prévu un plan B réaliste et opérationnel ? Ce manque de réactivité fragilise l’image d’une institution censée incarner le dynamisme du football sénégalais. La planification semble absente, et l’on donne l’impression de naviguer à vue, au détriment des intérêts des Lions et du public.
D’autres pays africains, comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, ont su moderniser leurs infrastructures tout en assurant leur rentabilité et leur disponibilité. Le stade Mohammed VI à Rabat, par exemple, a été pensé pour répondre à des normes strictes tout en minimisant les charges pour la fédération. Ces exemples démontrent qu’avec une meilleure gouvernance et une administration agile, il est possible d’éviter ce type de situation ubuesque.
L’affaire de l’homologation du stade Léopold Sédar Senghor est symptomatique d’un système gangréné par l’inefficacité administrative et un manque de vision stratégique. Alors que les enjeux sont énormes sur le plan sportif, économique et symbolique, nos instances continuent de réagir au lieu d’agir. Il faut instaurer une culture de l’anticipation, de la rigueur et de la transparence dans la gestion des équipements sportifs.
Que la FSF et le ministère des Sports sortent de leur torpeur bureaucratique. Le football sénégalais mérite mieux qu’une administration qui freine au lieu d’accélérer. L’heure n’est plus aux discours rassurants, mais à des actes concrets et rapides.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malick Fall.
Mis en ligne : 30/07/2025
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