Le 22 juillet, Human Rights Watch publiait un rapport accablant sur les exactions commises au Mali par les forces armées nationales et leurs supplétifs russes du groupe Wagner, récemment renommé « Africa Corps ». Ce document, basé sur des témoignages de survivants et de proches des victimes, met en lumière des exécutions sommaires et disparitions forcées ciblant majoritairement les civils peuls.
Ce constat soulève de sérieuses inquiétudes sur le rôle de la Russie en Afrique et l’usage du groupe Wagner comme levier d’influence militaire et politique.
Depuis le retrait progressif des forces françaises et internationales, le Mali s’est tourné vers la Russie pour assurer sa sécurité. Le groupe Wagner, force paramilitaire opaque, a été déployé sur le territoire malien dès 2021. Présenté par le gouvernement comme un partenaire de lutte contre le terrorisme, Wagner a rapidement été impliqué dans des opérations conjointes avec l’armée malienne. Mais ce partenariat s’est accompagné d’un regain de violence, particulièrement contre les populations civiles soupçonnées de sympathies envers les groupes djihadistes.
Les faits rapportés par Human Rights Watch sont graves : 12 exécutions sommaires, 81 disparitions forcées, et jusqu’à 65 morts dans un seul village. Ces actes ciblent spécifiquement les Peuls, stigmatisés pour leurs liens supposés avec le JNIM, groupe affilié à Al-Qaïda. La violence exercée à leur encontre semble s’inscrire dans une logique de terreur et de punition collective, incompatible avec le droit international humanitaire. Plus inquiétant encore, ni l’armée malienne ni les autorités russes n’ont répondu aux sollicitations de l’ONG, laissant planer une ombre inquiétante sur leur responsabilité.
Un modus operandi inquiétant déjà observé ailleurs : Le groupe Wagner est soupçonné de crimes similaires en République centrafricaine, en Libye ou encore au Soudan. Dans chacun de ces pays, sa présence a été marquée par des violations des droits humains et une exploitation accrue des ressources naturelles.
L’impunité comme stratégie de domination : L’absence de réponse des autorités maliennes montre une forme de complicité ou, à tout le moins, de silence complice. L’impunité avec laquelle agissent les membres de Wagner nourrit un climat de peur, réduit les espaces de liberté et affaiblit les institutions locales.
L’instrumentalisation des ressources naturelles : Partout où Wagner s’installe, des intérêts économiques sont en jeu. Au Mali, les ressources minières attirent les convoitises. La présence russe s’accompagne bien souvent d’accords opaques sur l’exploitation de l’or, du pétrole ou d’autres minerais stratégiques.
Une menace pour la stabilité régionale : En exacerbant les tensions interethniques et en affaiblissant les institutions, la stratégie russe alimente une instabilité chronique. L’Afrique de l’Ouest ne peut se permettre de devenir un théâtre d’affrontements par procuration entre puissances étrangères.
La République centrafricaine offre un précédent inquiétant. Là aussi, Wagner a joué un rôle de bras armé du pouvoir en place, réprimant les opposants, monopolisant certaines mines d’or et instaurant un climat de violence. En Libye, sa présence a prolongé le conflit armé, entraînant des pertes humaines massives. Ces exemples montrent que la logique d’intervention russe via Wagner est loin d’être salvatrice.
Le Mali, en s’alliant au groupe Wagner, a peut-être gagné un appui militaire immédiat, mais au prix d’un coût humain, éthique et institutionnel extrêmement lourd. La Russie, par le biais de cette milice paramilitaire, poursuit une politique d’influence en Afrique au mépris des droits fondamentaux. Le silence des autorités face aux révélations de Human Rights Watch constitue une faute morale grave.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 30/07/2025
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