Dans une déclaration publique empreinte d’amertume, Barthélémy Dias a révélé avoir été empêché de louer une salle d’hôtel pour tenir une conférence. Selon lui, plusieurs leaders de l’opposition sénégalaise subissent des refus similaires, traduisant une pression officieuse mais évidente sur les établissements hôteliers. Ces pratiques, bien qu’inhérentes à un passé politique récent, semblent perdurer sous le nouveau pouvoir.
Nous estimons qu’une telle continuité est inacceptable : les Sénégalais n’ont pas voté pour perpétuer les entraves à la démocratie, mais pour un véritable rétablissement de l’État de droit.
Depuis l’alternance politique de mars 2024, marquée par l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, de nombreux citoyens espéraient un tournant décisif en faveur des libertés publiques. Le Parti Pastef, à l’origine de cette dynamique, s’était présenté comme le défenseur des opprimés et le champion de la transparence démocratique. Pourtant, à en croire les récents événements, les vieilles pratiques semblent refaire surface, jetant le doute sur la sincérité de cette rupture annoncée.
Empêcher l’opposition de se réunir dans des lieux privés, sous prétexte de pressions exercées sur les propriétaires d’hôtels, est une forme de répression douce mais profondément toxique pour la démocratie. Lorsque Barthélémy Dias évoque un « bras de fer silencieux », il pointe du doigt une stratégie bien connue : étouffer l’expression politique par des canaux indirects, tout en maintenant l’apparence d’un régime légaliste. Cette méthode, autrefois reprochée au régime de Macky Sall, semble aujourd’hui reprise, sans doute avec plus de finesse, mais avec les mêmes effets.
Premièrement, restreindre les espaces de dialogue pour l’opposition revient à saboter le pluralisme politique. Une démocratie vivante repose sur la liberté de réunion et d’expression. Ensuite, cette pratique renforce le sentiment d’un pouvoir qui peine à supporter la contradiction. En interdisant, même de manière officieuse, aux opposants de s’exprimer dans des cadres neutres, le régime actuel donne l’image d’un pouvoir en quête de contrôle total. Enfin, il y a une question d’exemplarité : comment justifier ce type de comportements alors même que Pastef et ses alliés ont été victimes de ces pratiques par le passé ?
Des situations similaires ont été observées dans d’autres pays africains où des opposants sont privés de lieux de réunion sous la pression de l’exécutif. Au Togo ou au Bénin, cette stratégie est souvent le prélude à une dérive autoritaire. En 2018, en Guinée, l’opposant Cellou Dalein Diallo s’était vu refuser l’accès à plusieurs lieux publics pour ses rassemblements, signe inquiétant d’une démocratie vacillante. Le Sénégal, longtemps considéré comme un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest, ne peut se permettre une telle régression.
L’élection du président Diomaye Faye portait l’espoir d’un changement profond, d’un retour à l’État de droit et au respect des libertés fondamentales. Or, si les pratiques autoritaires persistent, même sous un nouveau visage, alors l’alternance politique aura été un simple changement de façade. Le peuple sénégalais mérite mieux qu’un Parti-État déguisé. Ce n’est pas en muselant l’opposition qu’on renforce une démocratie, mais en l’écoutant. Il faut que le pouvoir tienne ses promesses et rompe, définitivement, avec les méthodes du passé.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 31/07/2025
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