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Le 27 juillet 2025, nous avons appris que Bouba Ndour, Directeur des programmes du Groupe Futurs Médias (GFM), a décidé de retirer sa plainte contre Ibrahima Guèye, plus connu sous le sobriquet de « Nay Leer ». Ce dernier, qui avait menacé publiquement de s’en prendre physiquement au groupe GFM, allant jusqu’à évoquer l’idée de l’« incendier » en direct, a finalement présenté ses excuses. C’est sur la base de ces excuses que Bouba Ndour a choisi de clore l’affaire. Ce retrait est une erreur grave.
Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux sont devenus le théâtre de toutes les dérives au Sénégal. Menaces de mort, appels à la haine, diffamations : tout se dit, tout se banalise. La violence verbale s’installe comme norme, sans conséquences réelles. C’est dans ce contexte qu’Ibrahima Guèye a franchi une ligne rouge, menaçant d’incendier un média sénégalais reconnu, simplement parce qu’il n’était pas d’accord avec certaines orientations éditoriales.
En retirant sa plainte, Bouba Ndour envoie un message très inquiétant : on peut menacer un organe de presse d’attentat, puis s’excuser platement en public… et s’en sortir sans la moindre poursuite. C’est dangereux. C’est une claque à tous ceux qui se battent pour le respect du droit, la liberté d’expression et la sécurité des journalistes au Sénégal.
La loi sénégalaise ne tolère ni les menaces, ni l’incitation à la violence. Et pourtant, dans cette affaire, on choisit la paix du cœur au détriment de l’État de droit. On préfère la réconciliation à la justice. Mais quelle justice pour les journalistes ? Pour les travailleurs de GFM qui ont peut-être eu peur pour leur vie ?
La menace était explicite. Ce n’était pas une insinuation. Ibrahima Guèye a clairement déclaré qu’il était prêt à incendier GFM, même au prix de la prison. C’est une infraction grave. Les excuses ne doivent pas effacer l’intention criminelle.
Créer un précédent positif. En poursuivant cette affaire, Bouba Ndour aurait pu envoyer un signal fort : menacer la presse, ce n’est pas un jeu. C’est un crime. Et cela se paie.
Responsabiliser les influenceurs. « Nay Leer » est une personnalité suivie sur les réseaux sociaux. Le fait de le voir répondre de ses actes devant la justice aurait pu responsabiliser d’autres personnes qui, aujourd’hui, se croient tout permis derrière un écran.
Protection de la liberté de la presse. Au moment où les journalistes sont de plus en plus ciblés, cette affaire offrait l’occasion de défendre concrètement le droit à l’information et la protection des médias.
De nombreux cas récents montrent que les auteurs de menaces publiques contre des journalistes ou des figures publiques s’en sortent avec une simple réprimande ou un arrangement à l’amiable. Cette complaisance alimente un climat d’impunité. Or, selon Reporters Sans Frontières, le Sénégal a perdu des places dans le classement mondial de la liberté de la presse ces dernières années, en partie à cause des menaces subies par les journalistes.
En France ou aux États-Unis, de telles menaces sont traitées avec la plus grande fermeté. Même des propos tenus en ligne peuvent entraîner des poursuites et des condamnations. À titre d’exemple, en 2021, un internaute français ayant menacé de mort une journaliste a été condamné à un an de prison ferme. C’est cette rigueur qu’il nous faut adopter, si nous voulons garantir un environnement sûr pour la presse.
Oui, le pardon est une valeur noble. Mais la justice n’est pas une affaire privée. Bouba Ndour avait entre les mains l’occasion de poser un acte fort pour la défense de la presse. Il a préféré l’oubli à la justice. Nous disons non. Retirer cette plainte, c’est légitimer la violence. C’est banaliser l’intolérable. Et c’est, malheureusement, une victoire pour tous les ennemis de la liberté d’expression.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 04/08/2025
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