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Le 28 juillet 2025, le chanteur sénégalais Youssou Ndour a été invité à rejoindre l’Académie des arts et des sciences du cinéma américaine, l’institution mondialement connue pour décerner les Oscars. Présentée comme une reconnaissance de son « influence indélébile » dans l’industrie cinématographique mondiale, cette annonce a suscité un large enthousiasme. Pourtant, derrière cette célébration, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de cette distinction. Car si Youssou Ndour est sans conteste une icône musicale internationale, son rôle dans le domaine du cinéma reste marginal. Dès lors, cette nomination ne relèverait-elle pas davantage du symbole que du mérite réel ?
Personne ne remet en cause la stature de Youssou Ndour dans le paysage culturel mondial. Sa carrière musicale, son engagement politique et social, son aura en Afrique et au-delà sont incontestables. Cependant, sa contribution directe à l’univers cinématographique est loin d’être aussi manifeste. À l’exception de sa participation à quelques bandes originales ou à des documentaires où il est lui-même le sujet, comme I Bring What I Love, Ndour ne s’est jamais illustré comme acteur, réalisateur ou producteur influent dans le monde du septième art.
Dans ces conditions, comment justifier son intégration dans une institution aussi sélective que l’Académie des Oscars, censée récompenser ceux qui façonnent véritablement l’industrie cinématographique mondiale ?
Il semble évident que cette invitation s’inscrit dans une volonté politique et diplomatique de diversité et d’inclusion culturelle, une tendance accrue ces dernières années à Hollywood. L’Académie, vivement critiquée dans le passé pour son manque de représentation, cherche désormais à élargir son champ d’action et à internationaliser ses membres. Le choix de Youssou Ndour s’inscrirait dans cette logique : saluer un artiste africain mondialement reconnu pour apaiser les tensions autour des inégalités culturelles. Mais à trop vouloir être inclusif, ne prend-on pas le risque de diluer les critères de mérite artistique et professionnel ?
Si l’on observe les autres personnalités récemment intégrées à l’Académie, on constate qu’elles ont toutes un ancrage fort dans la sphère cinématographique : réalisateurs primés, producteurs innovants, scénaristes prolifiques… Comparativement, Youssou Ndour ne possède ni film marquant à son actif ni rôle structurant dans des projets cinématographiques majeurs. Ce décalage interroge sur l’uniformité des critères de sélection et soulève une question : une carrière brillante dans un autre art suffit-elle à ouvrir les portes de la prestigieuse Académie des Oscars ?
Ce geste pourrait aussi être perçu comme une instrumentalisation subtile des figures africaines dans un objectif de soft power. En rendant hommage à Youssou Ndour, les Oscars se donnent bonne conscience, sans véritable remise en question de leurs mécanismes internes. Une manière élégante de cocher la case « Afrique », sans s’engager à renforcer concrètement la place des productions africaines dans la sélection annuelle des Oscars, qui restent encore largement dominées par les standards hollywoodiens.
L’invitation de Youssou Ndour à l’Académie des Oscars, bien que flatteuse, semble davantage motivée par des considérations symboliques et politiques que par une reconnaissance de contributions réelles au cinéma. L’artiste, immense par ailleurs dans le domaine musical, n’a pas encore marqué l’industrie cinématographique au point de justifier une telle reconnaissance. Il serait peut-être temps que les distinctions dans le monde du cinéma restent réservées à ceux qui œuvrent directement à son rayonnement, sans se laisser séduire par des logiques de représentation cosmétique.
Exigeons des critères clairs et rigoureux dans les institutions culturelles internationales, afin que chaque reconnaissance soit véritablement fondée sur le mérite, et non sur des calculs symboliques.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/08/2025
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