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Dans un récent cri du cœur relayé sur les réseaux sociaux, Mame Ndiaye Savon, figure publique et commerçante bien connue au Sénégal, s’est insurgée contre le harcèlement que subirait sa fille, Fatou Diaw, mineure, de la part d’hommes adultes. Si son indignation légitime touche à l’instinct maternel que nous saluons tous, il est toutefois nécessaire de s’interroger sur l’origine même de cette exposition et sur les responsabilités parentales dans un monde numérique où la vie privée se monnaye trop facilement contre une part de notoriété.
La viralité des réseaux sociaux a transformé des familles ordinaires en phénomènes publics. De nombreux enfants deviennent malgré eux les visages d’une visibilité qu’ils ne contrôlent pas. Fatou Diaw, fille de Mame Ndiaye Savon, en est un exemple parlant. En partageant généreusement sa vie, sa mère a fait d’elle une figure familière du web, propulsée dans un espace où la frontière entre sphère privée et curiosité publique est mince. Ce phénomène touche une génération entière d’enfants exposés aux regards d’inconnus, parfois bienveillants, souvent mal intentionnés.
L’appel de Mame Ndiaye Savon à protéger sa fille est humainement compréhensible, mais il soulève une contradiction profonde. Comment peut-on vouloir préserver une mineure d’un environnement numérique toxique tout en l’y projetant soi-même ? L’indignation affichée, bien que sincère, semble oublier que l’image publique de Fatou n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une surexposition volontaire. L’adolescente a été placée sous les projecteurs avant même d’avoir les outils mentaux pour se défendre ou comprendre les implications d’une telle visibilité.
Il est essentiel de rappeler que la protection des mineurs sur Internet commence par une gestion responsable de leur image. En affichant régulièrement sa fille sur ses canaux, Mame Ndiaye Savon a peut-être, sans s’en rendre compte, facilité l’accès des prédateurs à celle-ci. Ce n’est pas blâmer, mais alerter : un parent ne peut pas à la fois brandir la lumière médiatique et espérer l’ombre protectrice.
Dans d’autres contextes, des influenceurs américains et européens ont été critiqués pour avoir transformé leurs enfants en « produits de contenu », parfois au détriment de leur santé mentale et de leur sécurité. En France, une loi adoptée en 2020 vise à encadrer cette pratique, imposant des limites strictes à l’utilisation de l’image des enfants sur les plateformes. Le Sénégal gagnerait à initier un débat similaire.
De nombreux cas à travers le monde illustrent les dangers de l’exposition prématurée : cyberharcèlement, usurpation d’identité, exploitation d’images. Aux États-Unis, des enfants d’influenceurs ont intenté des actions en justice contre leurs parents une fois adultes, dénonçant une enfance capturée à des fins de divertissement ou de marketing. Cela rappelle que le numérique a une mémoire plus longue que l’innocence.
Mame Ndiaye Savon a raison de vouloir protéger sa fille. Mais ce devoir de protection ne peut être partiel. Il doit commencer par une prise de recul sur ses propres pratiques en ligne. Protéger un enfant, c’est aussi le soustraire aux regards du public tant qu’il n’est pas en mesure de choisir.
Les parents doivent réfléchir à deux fois avant d’exposer leurs enfants sur les réseaux sociaux. Tant que Fatou est mineure, sa place est dans un cadre intime, à l’abri des regards opportunistes. La célébrité, même involontaire, a un prix et ce n’est pas à une enfant de le payer.
Article opinion écrit par la créateur de contenu : Salif Diouf.
Mis en ligne : 09/08/2025
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