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Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment annoncé, dans le cadre du Plan de Redressement Économique et Social, que le Sénégal autoriserait désormais l’importation de véhicules âgés jusqu’à 10 ans. Présentée comme une mesure de justice sociale et d’accessibilité pour les classes moyennes et les jeunes actifs, cette réforme est saluée par certains comme une avancée pragmatique. Mais sous des dehors populaires se cache une décision aux conséquences dangereuses pour la sécurité routière, l’environnement et la santé publique.
Il est indéniable que de nombreux Sénégalais peinent à accéder à un véhicule personnel. Le pouvoir d’achat stagne, le coût de la vie augmente, et les transports publics restent insuffisants. Dans ce contexte, le gouvernement cherche à séduire une population frustrée en lui offrant une “solution rapide” : des voitures plus anciennes, donc moins chères. Mais cette politique court-termiste sacrifie des considérations essentielles à la sécurité et au développement durable.
Les véhicules de plus de 10 ans ne répondent souvent pas aux normes de sécurité les plus récentes. Airbags défectueux, systèmes de freinage obsolètes, absence d’assistance électronique : ces lacunes peuvent transformer une simple panne en tragédie. En Afrique subsaharienne, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le taux de mortalité routière atteint 27 décès pour 100 000 habitants, contre moins de 10 en Europe. Doit-on vraiment encourager l’arrivée massive de véhicules vétustes sur nos routes déjà saturées et mal entretenues ?
Le Nigeria, pour des raisons similaires d’accessibilité, a également relâché ses critères d’importation. Résultat ? Une explosion des accidents, une pollution urbaine accrue, et un parc automobile hors de contrôle. Les pays comme le Maroc ou le Rwanda, à l’inverse, ont investi dans des politiques plus responsables, encourageant l’importation de véhicules plus récents ou hybrides, tout en modernisant leur réseau de transport public.
Autoriser des voitures âgées de 10 ans, c’est aussi accepter des moteurs diesel très polluants, des émissions de particules fines, et une détérioration accélérée de la qualité de l’air. À Dakar, la pollution atmosphérique atteint déjà des niveaux inquiétants, avec des conséquences graves sur la santé respiratoire des enfants et des personnes âgées. Cette mesure vient ajouter une couche toxique à une situation déjà alarmante.
Rien dans l’annonce gouvernementale n’évoque un renforcement des inspections techniques ou des standards de qualité à l’importation. Or, permettre l’entrée de véhicules plus anciens sans mécanismes de contrôle rigoureux revient à ouvrir les vannes à des “épaves roulantes” déguisées en bonnes affaires.
Sous prétexte de démocratiser l’accès à la voiture, le gouvernement ouvre la porte à un chaos routier, à une pollution accrue et à une détérioration de la santé publique. Ce n’est pas cela, le progrès. Le véritable courage politique aurait été d’investir dans les transports collectifs fiables, de subventionner l’acquisition de véhicules propres, et de renforcer la sécurité routière. Cette mesure, présentée comme sociale, est en réalité un cadeau empoisonné. Le pragmatisme ne doit pas rimer avec cynisme.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 10/08/2025
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