Dimanche dernier, à l’Arène nationale, Eumeu Sène a essuyé une défaite aussi retentissante que symbolique face à Franc. Mais ce revers sportif n’a pas été son seul coup dur : l’ancien Roi des arènes a également écopé d’une amende dépassant les 600 000 FCFA, infligée par le Comité national de gestion (CNG) de lutte pour plusieurs manquements graves au règlement. En toute objectivité, cette sanction, bien que sévère, est pleinement justifiée. Le CNG doit imposer plus de rigueur dans un sport en proie à de multiples dérives.
La lutte sénégalaise, au-delà de son aspect sportif, est un pilier culturel majeur. Elle mobilise des foules, génère des millions et suscite des passions. Pourtant, elle souffre d’un mal chronique : l’indiscipline persistante de certains acteurs. Préparations mystiques interminables, envahissement de l’aire de combat par une armée d’accompagnants, non-respect des horaires, ces comportements nuisent à l’image de la discipline et retardent le bon déroulement des événements.
Dans ce contexte, les griefs retenus contre Eumeu Sène ne sont pas anecdotiques : son temps de préparation mystique, jugé excessif, et le nombre trop élevé d’accompagnants ont enfreint des règles pourtant bien connues. Ces écarts sont d’autant plus préoccupants qu’ils émanent d’un vétéran respecté, censé montrer l’exemple aux jeunes générations.
Le CNG de lutte a donc eu raison d’envoyer un signal fort. Sanctionner Eumeu Sène, figure emblématique de la lutte, montre que la discipline ne peut faire l’objet d’aucun compromis, quelle que soit la renommée du lutteur concerné. Dans un sport où le désordre est souvent toléré sous couvert de « tradition », il est essentiel d’instaurer une culture de responsabilité.
D’ailleurs, plusieurs disciplines sportives en Afrique et ailleurs appliquent des règles strictes à leurs champions. En boxe professionnelle, un combattant qui arrive en retard, enfreint le protocole ou perturbe l’organisation peut voir sa bourse réduite, voire annulée. En athlétisme, une fausse déclaration ou une conduite jugée antisportive entraîne des suspensions immédiates. Pourquoi la lutte sénégalaise serait-elle une exception ?
Le combat mené par le CNG est, en vérité, un combat pour la survie et la crédibilité de la lutte sénégalaise. Si ce sport veut conserver sa place au cœur de la culture nationale et gagner en reconnaissance internationale, il doit se doter d’une gestion moderne, fondée sur des règles claires et appliquées sans état d’âme. Il ne suffit pas de promouvoir les valeurs traditionnelles ; encore faut-il garantir un minimum d’ordre et de professionnalisme dans les manifestations.
Eumeu Sène a certes marqué l’histoire de l’arène, mais son comportement lors de ce dernier combat n’est pas défendable. Le sanctionner, ce n’est pas l’humilier, c’est rappeler que la discipline est la pierre angulaire de toute compétition digne de ce nom.
Ce rappel à l’ordre ne doit pas s’arrêter à Eumeu Sène. Il faut que tous les acteurs, écuries, managers, promoteurs, lutteurs et supporters, s’engagent à respecter les règles. La lutte sénégalaise a besoin d’un nouveau souffle, non pas fondé sur le folklore désordonné, mais sur une éthique forte, au service du sport et du public.
Saluons le courage du CNG. En sanctionnant Eumeu Sène, il ne punit pas un homme, il protège une institution. Et c’est exactement ce dont la lutte a besoin aujourd’hui.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mamy B. Faye.
Mis en ligne : 14/08/2025
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